Dans cette note d’information, le Secrétaire général de l’ONU et la Directrice générale de l’UNESCO à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, affirment que « la meilleure façon de lutter contre les atteintes à la liberté d’expression c’est le courage collectif ».
Le dessinateur de presse du quotidien turc d’opposition Cumhuriyet est le lauréat du Prix international du dessin de presse créé en 2012 par la Fondation Cartooning for Peace/ Dessins pour la paix et la ville de Genève et remis tous les deux ans à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Cette récompense représente les difficultés croissantes auxquels font face les journalistes en Turquie.
C’est à l’occasion d’un colloque en 2006, présidé par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, que naît le mouvement Cartooning for Peace / Dessins pour la paix. Ce prix récompense des dessinateurs de presse pour leur contribution exceptionnelle en faveur des droits de l’homme, de la liberté d’expression et leurs travaux en faveur de la tolérance et la paix.
Afin de renforcer ce mouvement et financer des activités aux niveaux local et international, la Fondation Cartooning for Peace est créée le 17 juin 2009, avec le soutien du Ministère suisse des affaires étrangères et des Nations Unies à Genève. La Fondation est co-fondée par les dessinateurs de presse Chappatte et Plantu et Marie Heuzé, ancienne porte-parole des Nations unies à Genève.
Besoin de voix libres
« On ne s’attendait pas à remettre ce prix à quelqu’un de si proche de nous … on voit bien qu’il y a un vent froid qui s’est levé un peu partout. La mode est aux hommes forts et donc plus que jamais partout on a besoin des voix libres et indépendantes que sont les dessinateurs de presse », explique dans un entretien à ONU Info Patrick Chappatte, dessinateur de presse pour le Temps à Genève, le New York Times à New York mais aussi le Neue Zürcher Zeitung à Zurich.
Pour lui, la meilleure façon de lutter contre les atteintes à la liberté d’expression c’est le courage collectif. « C’est bien beau d’avoir des gens qui font preuve de courage et qui s’exposent mais il faut un courage collectif, il faut le courage des rédacteurs-en-chef, il faut le courage des lecteurs, il faut le courage de toute une société pour défendre justement ces voix libres et indépendantes ».
Selon lui, tous les systèmes et tous les régimes ont besoin de ces voix parce que « la voix des critiques c’est ce qui nous aide à comprendre nos erreurs, ça nous aide aussi à prendre le pouls de la population et plus que jamais on a besoin de défendre collectivement ces voix ».
Les défis actuels de la liberté de la presse en ligne
Un des thèmes de la Journée mondiale de la liberté de la presse est les défis actuels de la liberté de la presse en ligne. Pour Patrick Chappatte, on est tous concerné par ces pressions, ces intimidations qui peuvent s’exercer via les réseaux sociaux, via Internet.
« ll y a un très grand moralisme ambiant sur les réseaux sociaux », dit-il. « Il y a des campagnes, des tempêtes qui se lèvent et visent telle ou telle personne. Ces campagnes sont des éléments de pression redoutables et c’est un instrument pour faire taire. Et la liberté que l’on croit si facilement acquise est remise en question par ces nouveaux modes de réaction qui peuvent être démultipliés par leurs utilisateurs». « On peut être choqué par une image, par un dessin ou par une critique mais c’est le prix à payer de démocraties et de sociétés ouvertes », ajoute-t-il.
Enfin pour lui, être journaliste, c’est un travail, c’est une vocation, c’est une formation, c’est une profession de foi. « Quelles que soient les opinions, il y a une manière de pratiquer ce métier, d’aller chercher les faits, d’aller chercher la vérité quel que soit son camp. Et il faut protéger ces voix, il ne faut pas qu’elles se taisent et il ne faut pas qu’elles se noient non plus dans ce grand vacarme d’Internet et d’informations non vérifiées », dit-il.