Ceci est le mot du président de mois de l’Unité d’action syndicale (UAS) à la rencontre, ce vendredi 5 juillet 2019, avec le gouvernement. Dans ce document, il est égrainé des préoccupations de l’Unité qui sont entre autres la liberté syndicale et de presse.
Ouagadougou, le 5 juillet 2019
MOT DU PRESIDENT DE MOIS A LA RENCONTRE AVEC LE GOUVERNEMENT
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et messieurs les ministres, messieurs les techniciens,
L’Unité d’Action Syndicale (U.A.S.) se réjouit de l’initiative de cette rencontre dont l’objectif est de permettre la reprise de la rencontre Gouvernement/Syndicats.
Nous estimons qu’elle constitue une suite favorable au communiqué de presse que nous avons publié le 23 mai 2019 et dans lequel nous exprimions notre disponibilité au dialogue, en nous fondant sur une annonce du gouvernement selon laquelle « le préalable soulevé par la partie syndicale à propos de l’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) trouvera incontestablement une solution à l’issue des concertations autour des conclusions du comité bipartite qui devrait être mis en place conformément aux précédents engagements». Nous osons espérer que le respect de la parole donnée, au nom de la continuité de l’administration, permettra la satisfaction du préalable que nous avons posé.
Excellence Monsieur le premier ministre,
Ces derniers jours, des événements se sont produits dans notre pays et qui constituent de sérieuses préoccupations pour l’Unité d’Action Syndicale.
La première préoccupation est relative à des atteintes à la liberté syndicale notamment au niveau de la police. Pour être brefs, nous notons que pour un syndicat qui s’est créé conformément aux Conventions et traités internationaux ratifiés par le Burkina Faso et aux lois internes, qui est donc légalement reconnu, en l’occurrence l’Alliance Police Nationale (APN), nous observons les faits suivants :
– Le MATD refuse obstinément de délivrer à l’APN un récépissé de déclaration d’existence malgré la décision du tribunal administratif enjoignant à l’Etat de délivrer à l’APN un récépissé et l’ordonnance de référé du Conseil d’Etat confirmant la décision du tribunal administratif ;
– la hiérarchie policière considère que les responsables syndicaux doivent requérir son autorisation pour mener leurs activités ;
– des sanctions en termes d’affectations et de blâmes sont prises contre des responsables du syndicat de la police ;
La seconde préoccupation concerne le code pénal qui criminalise l’insurrection populaire et dont la récente révision constitue un grave recul notamment pour la liberté de presse et pour le droit à l’information des citoyens ;
La troisième porte sur l’assassinat dans le Yagha de deux militants de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse (ODJ) le 31 mai 2019 alors qu’ils se rendaient à une rencontre avec le Haut-commissaire de la province ; CISSE Fahadou était le Secrétaire à l’organisation adjoint du Bureau Exécutif National de l’ODJ et Président de la Section ODJ du Yagha, et BALIMA Hama était le Trésorier de la dite-section. Ils ont tous deux été décorés pour leur contribution à l’insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 mais aussi à la résistance populaire et victorieuse contre le putsch fasciste du 16 septembre 2015. Nous estimons que le traitement de ce dossier par l’administration pose problème et est en contradiction avec le communiqué produit par le parti au pouvoir, demandant que la lumière soit faite sur ces assassinats. Par ailleurs, au regard du rôle régalien de l’Etat dans la protection des citoyens, au regard aussi du fait que les victimes se rendaient à une rencontre avec l’administration, il est du devoir des autorités d’assurer toutes les charges liées à la recherche de la vérité. Or, il ressort des informations à nous communiquées par l’ODJ, que non seulement il y a des entraves à l’élucidation des crimes mais en plus, les autorités aussi bien nationales que provinciales se sont jusque-là dégagées de toutes les charges liées à la réalisation des autopsies sur les corps des victimes.
Excellence Monsieur le Premier ministre, messieurs les membres du gouvernement, telles sont les préoccupations de l’heure que nous vous soumettons avec l’espoir que le gouvernement leur accordera la plus grande attention.
En tout état de cause, l’UAS, seule ou de concert avec d’autres organisations va engager des actions autour de ces trois préoccupations majeures.
Pour les Secrétaires Généraux
Bassolma BAZIE Vice-PDM des Centrales Syndicales
SG/CGT-B
Porte-Parole de l’UAS
PDM des Syndicats Autonomes
OUEDRAOGO Pascal SG/SAIB