Accueil Monde Libye: dix ans après, que retenir de l’exécution de Mouammar Kadhafi ?

Libye: dix ans après, que retenir de l’exécution de Mouammar Kadhafi ?

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Le Guide la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, tué le 23 août 2011

Dix ans après l’exécution du colonel Mouammar Khadafi, la Libye, un pays autrefois considéré et respecté avec une voix qui portait dans le concert des nations lors des prises des grandes décisions, recherche toujours ses marques. La Libye qui a sombré avec la disparition brutale de son «Guide», peine à asseoir un gouvernement à cause des différentes factions armées qui sans cesse continuent de se livrer un combat pour le contrôle du pays regorgeant d’énormes ressources naturelles. Depuis six mois, l’ONU espère par le nouveau gouvernement formé en février, pouvoir ramener la paix et donner un nouvel élan économique au pays qui était l’un des plus riches en Afrique. Alors dix ans d’instabilité marqués par des affrontements entre deux principaux camps rivaux, que retenir de la mort de Mouammar Kadhafi ?

Après avoir pris le pouvoir le 1er septembre 1969, Mouammar Kadhafi, surnommé le « Guide de la révolution libyenne », est tué le 23 août 2011 dans les environs de Syrte, sa ville natale, près de 42 ans de règne sans partage en dehors de tout cadre temporel ou constitutionnel. La Libye est entrée depuis 2011, dans une division ethnique, religieuse et idéologique qui s’est installée peu à peu entre l’Est et l’Ouest du pays, au point où en 2014, le parlement s’est vu être la chasse gardée de deux camps rivaux.

Une population prise dans l’engrenage de la pauvreté et des guerres civiles

La Libye bien qu’étant gérée par un dirigeant considéré par l’Occident comme un dictateur, satisfaisait sur le plan du développement, les préoccupations de ses populations. Le régime du «Guide» utilisait les ressources financières du pays pour développer les infrastructures, l’éducation et le système de santé. Les populations libyennes font face actuellement aux réalités d’un pays dévasté par une dizaine d’années de grave crise affectant tous les secteurs socio-professionnels. Cette réalité dictant une mauvaise atmosphère sur le plan des affaires fait que le pays vit une situation économique morose.

Sur la scène internationale, le colonel Mouammar Kadhafi a milité pour un regroupement entre les Arabes et a été un fervent panafricain respecté. Ce leadership de la Libye s’est éteint avec la mort de Kadhafi qui s’était allié avec l’Occident contre le terrorisme.

Des élections suscitant des espoirs et en même des craintes

La Libye se prépare pour la première fois à organiser une élection présidentielle au suffrage direct le 24 décembre 2021 afin de régler les dix ans de chaos que le pays vit.

Le gouvernement mis en place par l’ONU février dernier, a pour objectif premier, l’organisation du scrutin présidentiel et des élections législatives. Mais, les élections législatives devant se dérouler fin décembre prochain, ont été déjà reportées d’un mois.

Outre les législatives, l’autre souci est que les Libyens devraient choisir parmi les trois potentiels candidats qui ne font pas mystère de leur volonté à régner à la tête du pays qui est actuellement au centre des intérêts des puissants du moment. Il s’agit du fils de l’ex-homme fort de la Libye, Saïf al-Islam Kadhafi, qui est resté fidèle à l’idéologie de son père ; de Khalifa Haftar, celui qui règne en maître dans l’Est et qui a assiégé Tripoli pendant plus d’un an. Le troisième est Fathi Bachagha, originaire de Misrata, soutien fort des Frères musulmans.

L’espoir est désormais tourné vers le gouvernement de transition pour mener le pays, déchiré par plusieurs épisodes de violences et de confrontations, vers une élection présidentielle le 24 décembre comme prévu.

Kadhafi où le rempart des pays de l’Afrique de l’Ouest beaucoup éprouvés par les attaques des groupes armés, assassiné…

Les dix années de la mort de Kadhafi sonnent également l’ère des instabilités, ponctuées par plusieurs attaques terroristes, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest que sont notamment le Mali, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, formant à ce jour le G5 Sahel, une force conjointe militaire devant libérer les Etats de l’engrenage des tueries des terroristes.

Lors de plusieurs rendez-vous des chefs d’Etat du G5 Sahel et des pays occidentaux, notamment la France, les Etats-Unis et l’Allemagne, les présidents n’ont de cesse répété que c’est la déstabilisation qui a favorisé une descente conséquente des groupes armés qui avaient pour parrain le colonel Kadhafi. Ils ont également, à chaque rencontre importante, dénoncé le service après-vente qui n’a pas été assuré. Et sur ce point, des chefs d’Etat comme Emmanuel Macron et l’ex-président américain, l’ont reconnu et demandé un soutien conséquent notamment militaire aux pays du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme qui a pris des proportions inquiétantes.

En effet, plusieurs groupes armés, autrefois hébergés en Libye, ont choisi les pays de l’Afrique sub-saharienne comme point de chute, face à la force de l’OTAN ayant mis fin au règne de Kadhafi. Et, avec les armes lourdes dont ils disposaient, ont commencé à s’emparer des territoires dans les cinq pays du G5 Sahel.

En outre, beaucoup de groupes terroristes se sont emparés des armes sophistiquées que le régime du défunt Mouammar Kadhafi a laissées et s’en servent contre la Mauritanie, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les trois derniers étant considérés par des spécialistes en sécurité comme le ventre mou de l’Afrique de l’Ouest contre les attaques des assaillants.

Par Bernard BOUGOUM