La situation humanitaire est grave et sans être désespérée, est très alarmante au large de la Libye où des milliers de migrants, livrés au courroux de la Méditerranée sont également menacés par des pistoleros non identifiés portant, sans doute par usurpation, le titre de gardes côtes. Malgré les efforts surhumains qu’ils font pour leur venir en aide, les membres d’organisations humanitaires n’arrivent pas à sauver tous ces candidats volontaires ou contraints à l’immigration. Affublés de leur statut de clandestins prêts à braver tous les dangers pour rallier l’Europe, ils sont régulièrement engloutis par milliers par une Méditerranée toujours insatiable, devenue un cimetière géant, à ciel ouvert, pour migrants. Proies faciles pour des passeurs véreux et sans scrupule qui abandonnent les embarcations de fortune sur lesquels ils les entassent comme des sardines, ces hommes, femmes et mêmes enfants sont très peu à atteindre la terre promise. Pire, ils payent de leur poche, leur propre mort. Embarqués sur ces frêles pirogues les transportant, ou les renversant, au gré de la furie des vagues, les migrants s’abandonnent à la fatalité. Soit ils arrivent miraculeusement à bon port, soit ils sont happés par les profondeurs d’une mer qui en veut toujours plus. Désormais, leur seul espoir de survie sont ces organisations humanitaires qui au prix d’énormes sacrifices arrivent à en extirper un nombre important de la gueule béante d’une mer presque toujours déchainée.
Ces deux derniers jours, ils ont été ainsi environ 2 500 migrants à avoir la vie sauve grâce à ces opérations de sauvetages à l’issue parfois incertaine. Surtout lorsque les «faux gardes côtes s’en mêlent et prennent et tirent sur tout migrant qui bouge. La pêche des sauveteurs ramènent toutes sortes de migrants, comme le disent nos confrères de RFI, «des survivants terrifiés» aux corps sans vie de noyés, «surtout des enfants». Itératifs, ces drames se jouent presque à huis-clos, avec pour seuls témoins, des sauveteurs sans doute sidérés par le courage et l’entêtement suicidaires des migrants. Toujours prêts à recommencer la traversée de la mort, les survivants reviennent la plupart du temps en rangs plus importants, grossis par de nouveaux candidats à l’émigration, qui, à l’instar des mirages du désert, s’estompent inexorablement. Le réveil douloureux est vécu comme une petite mésaventure à corriger pour transformer le prochain essai. Tant qu’il y aura des passeurs, il y aura des «passants» à jeter à la mer. Tant que ces milliers de migrants fuiront la misère congénitale de pays comme ceux africains sevrés de développement et d’avenir radieux, car minés par les conflits armés et autres mal gouvernance.
Et si en lieu et place des actions de sauvetage qu’encouragent, pour se donner bonne conscience, les pays occidentaux visés par les assauts des migrants se muaient en une véritable politique de développement pour combattre le mal à la racine? La question reste entière et le phénomène tragique sans fin ? Et ce sera ainsi, tant que les nations développées et dites puissances du monde, continueront à ériger des forteresses infranchissables hérissées de barbelés pour jouir en tout égoïsme, des fruits de leurs rapines opérées dans les pays d’où sont originaires les migrants indésirables comme seuls le sont les pestiférés. Dire que les experts de la question s’inquiètent d’un futur plus sombre, car prévoyant un afflux encore plus énorme des migrants à l’abordage des côtes européennes. La peur des «bons samaritains» de la Méditerranée est amplifiée par leur crainte de possibles refoulements, en lieu et place d’opérations de secours menées en toute quiétude. Pourtant, juste un peu d’équité et de justice dans la répartition des richesses devrait pouvoir faire des terres d’origine des migrants des eldorados à même de les y retenir/
Par Wakat Séra