L’ONG Urgences panafricanistes a animé ce mercredi 14 novembre 2018, une conférence de presse pour annoncer la tenue, le samedi prochain à la Maison du Peuple de Ouagadougou, d’un procès de masse civil sur la françafrique et ses corollaires. Selon Kémi Séba, activiste politique, président de l’ONG Urgences panafricanistes, cette conférence populaire annonce d’autres rassemblements similaires dans tous les pays francophones et de la diaspora pour appeler la conscience populaire à faire front contre l’impérialisme et ses ramifications dont la corruption, l’injustice et la dictature.
Après avoir passé plusieurs années à mener la campagne sur la question relative à la souveraineté monétaire, l’ONG Urgences panafricanistes «a été capable de se faire entendre de tous», a estimé son leader Kémi Séba qui veut, aujourd’hui, aller dans une dimension plus large car «le combat ne peut se limiter à l’aspect monétaire».
«C’est un problème beaucoup plus global qui est synthétisé à nos yeux par la problématique de la françafrique», a affirmé le panafricaniste d’origine béninoise, Kémi Séba, jugeant cette étape de sa lutte comme celle de la «responsabilisation sociale» des populations africaines. Cette activité qui vise à faire en sorte que le combat de ce mouvement panafricain puisse prendre dans tous les pays francophones, «une tournure plus dense et intense, poussera les masses à internationaliser les doléances, à faire bloc contre le colonialisme qui profite de nos divisions, du silence systémique de la société civile», a insisté Kémi Séba.
L’ONG Urgences panafricanistes et toutes les organisations de la société civile qui la soutiennent et l’accompagnent dans cette lutte de longue haleine, veulent, à travers le procès du 17 novembre 2018 dans la capitale burkinabè, faire en sorte que le peuple exprime ses doléances et souffrances afin qu’elles soient «entendues par tous, que le peuple ne soit plus détourné de son objectif principal» qui est la souveraineté. Depuis plus de «30 ans, tout a été fait idéologiquement pour que le peuple africain pense que le seul problème qu’il rencontre ce sont ses dirigeants», a souligné M. Séba.
«La responsabilité de l’Afrique est prégnante car la françafrique n’existe que parce qu’il y a une corruption endémique et systémique de nos élites. Cela fait partie des accords de base françafrique», a expliqué M. Séba, pour qui, « l’oligarchie dit à nos dirigeants, vous pouvez vous servir de manière illimitée dans les caisses de l’Etat à partir du moment où vous nous laisser l’opportunité d’exploiter les ressources minières et naturelles ». « La françafrique est un partenariat entre mafieux français et mafieux africains », a-t-il dénoncé en précisant que son mouvement «s’attaque aux maux qui minent les populations».
Pour ceux qui se poseraient la question de savoir pourquoi cette conférence a été tenue sur le site du mémorial Thomas Sankara ou bien pourquoi c’est le Burkina qui a été choisi pour le lancement de cette tournée des procès populaires contre la françafrique, c’est juste parce que Ouagadougou (en particulier), et le pays (en général) est celui du capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, un des anciens leader du panafricanisme dans les années 80, en qui l’ONG Urgences panafricanistes porte «un profond respect».
Cependant, a souligné Kémi Séba, son mouvement «ne fait pas partie des gens qui veulent idolâtrer de façon caricaturale les individus. Nous, nous ne déifions personne. Nous aimons et honorons profondément Thomas Sankara et c’est parce que nous l’aimons et l’honorons que nous avons décidé de démarrer le processus d’instauration des tribunaux civiques et populaires ici dans la patrie des Hommes intègres».
Au cours de ce procès du peuple, les plaidoiries vont être effectuées par diverses tendances de la population qui viendront s’exprimer. Diverses tendances de divers courants des organisations de la société civile qui se sont préoccupées par la problématique que nous souffrons, viendront s’entretenir avec le peuple et dire ce qu’elles pensent du colonialisme, selon ses organisateurs qui se disent «confiant» que la salle de la Maison du Peuple de Ouagadougou qui fait 3 000 places sera «remplie» de monde.
Le mouvement panafricaniste qui s’est réjoui des fruits de ses actions passées sur le terrain de la massification et conscientisation sur les questions relatives à la souveraineté, car il est en «bonne voie».
Par Bernard BOUGOUM