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Lutte contre le terrorisme dans le Sahel: un pas vers le retour de l’Algérie dans le jeu

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Les présidents nigérien, Mohamed Bazoum (à gauche) et algérien, Abdelmadjid Tebboune

Une visite d’amitié et de travail. Pratique classique entre les chefs d’Etat. Celle que rend le président nigérien Mohamed Bazoum à son voisin Abdelmadjid Tebboune, constitue une occasion pour réchauffer davantage les relations entre deux pays étroitement liés par la géographie qui les réunit par une frontière que n’hésitent pas à traverser des populations, notamment celles nigériennes, en quête de mieux-vivre. Mais ces flux migratoires dans les deux sens sont loin d’être les mieux sécurisés, d’où, mettant à profit ses visites de proximité à ses concitoyens et la campagne pour la présidentielle de décembre 2020, le candidat Bazoum, avait fait la promesse ferme à ses concitoyens, de prendre langue avec les autorités algériennes pour assurer une migration plus fluide et mieux structurée entre l’Algérie et le Niger. Le sujet était sans doute, sur la table des échanges entre les deux présidents de la république.

Mais, le séjour de Mohamed Bazoum à Alger pourrait, lui, constituer l’une des clés de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, du fait de l’expérience de l’Algérie en la matière, mais surtout de la contribution en armements aériens qu’elle devrait pouvoir mettre à la disposition du Niger pour combattre les forces du mal. De plus, la porosité de sa frontière avec le Mali, qui favorise, comme avec une complicité ou une complaisance de l’Algérie, dans les mouvements des terroristes entre les deux pays, était probablement, sans doute, au menu des plusieurs rencontres entre le président nigérien et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.

L’opportunité est d’autant plus grande pour les deux pays de muscler cette coopération militaire, dans un contexte où la Force française Barkhane qui s’érigeait en rempart contre les incursions des djihadistes dans le Sahel, se servant surtout du Mali comme passage pour semer la mort et la désolation dans la zone dite des Trois frontières, est annoncée sur le départ. L’Algérie, qui faisait face, à une crise au sommet, du fait de la vacance de fait du pouvoir pour des raisons d’incapacité physique d’un président Abdel Aziz Bouteflika grabataire, a trop longtemps, fait preuve de peu d’efficacité et d’engouement, sur des décennies, dans cette lutte contre le terrorisme. La guerre de positionnement et la révolte populaire qui s’en sont suivies, exigeant le départ de tout l’establishment politique, ont fini par contraindre l’Algérie à s’occuper davantage, sinon uniquement, de ses soucis domestiques.

La désormais caducité de fait de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015, accord n’ayant jamais été appliqué et faisant de plus en plus l’unanimité contre lui, a sans doute, retenu également l’attention des présidents algérien et nigérien pour, le cas échéant, déboucher sur de nouvelles pistes de mécanismes pour le retour à la paix au Mali, un retour à la paix qui, avant tout, sera l’affaire des Maliens eux-mêmes. C’est clair, cet Accord d’Alger qui a montré ses limites doit subir plus qu’un simple dépoussiérage.

En tout cas, le président Mohamed Bazoum, par ce premier pas d’un long voyage pour la paix dans son pays le Niger et surtout dans une zone sahélienne aux prises avec les forces du mal, qu’elles s’appellent EIGS ou JNIM ou qu’ils soient de simples bandits et trafiquants de drogues, d’armes et de toutes sortes de marchandises, joue gros. Et ce n’est pas peu de réitérer l’importance de l’Algérie, ce pays qui est une des pièces essentielles manquantes du puzzle de la lutte contre l’insécurité au Sahel, dans un dispositif, qui sera, bientôt, délesté de la Force française Barkhane.

Certes, la task force européenne Takuba, largement renforcée par les éléments de l’armée française, sera au rendez-vous, mais l’Algérie aura une partition essentielle à jouer dans cette chasse aux terroristes où les armées nationales du Niger, du Mali et du Burkina Faso auront également, mieux équipées, un rôle de taille, car la défense du territoire est, avant tout, une question de souveraineté.

Par Wakat Séra