Une visite qui tombe à pic! C’est le moins que les autorités et les populations nigériennes peuvent dire du séjour du chancelier allemand Olaf Scholz qui, de Dakar où il a commencé sa tournée africaine, a mis le cap sur Niamey d’où il ralliera l’Afrique du sud. Si l’économie et le développement sont inscrits en bonne place sur les petits papiers du successeur de Angela Merkel, lors de ce périple sur le continent noir, le volet sécuritaire ne tient pas moins une place de choix dans son agenda, notamment au Niger. Dans ce pays, l’Allemand a rencontré un peuple et des autorités bien déterminés à mettre fin aux attaques armées sauvages et lâches qui les endeuillent régulièrement.
C’est donc en toute logique qu’à Tillia, dans la région de Tahoua, où il est allé saluer ses hommes qui s’occupent de la formation et de l’entraînement des soldats de l’Azawak, Olaf Scholz a réitéré le soutien de la République fédérale allemande à ses partenaires africains engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. «Le Niger est un pays qui compte pour nous les Allemands», n’a pas manqué de lancer le chancelier allemand. Un discours qui tombe bien à propos dans ce centre construit et équipé par l’armée allemande où, à travers la mission Gazelle, un contingent de la «Défense fédérale» outille les militaires nigériens de l’Azawak.
Mais la situation sécuritaire n’a de cesse de se dégrader dans le Sahel, a reconnu l’Allemand qui a saisi l’opportunité pour redire la disponibilité de Berlin à maintenir sa contribution dans les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une fois de plus, revient au goût du jour, l’importance pour les nations de faire front commun contre un ennemi qui frappe sans répit dans une guerre totalement asymétrique qu’il impose à ses vis-à-vis. Aucun pays, tout seul, quelle que soit la puissance de feu de son armée ne sera en mesure de vaincre l’hydre terroriste. C’est une évidence qui se confirme avec la forte mobilité des hommes armées qui frappent diversement sur plusieurs territoires du Sahel.
Et, à partir de la zone dite des Trois frontières partagées par le Burkina Faso, le Mali et le Niger où ils se sont sanctuarisés, mènent désormais des raids meurtriers sur d’autres pays du Golfe de Guinée. La porosité reconnue des limites physiques héritées de la colonisation faisant le reste, les forces du mal peuvent semer la mort ici et se replier là. D’où la nécessaire coopération entre les pays qui sont dans leur viseur. Mais, en plus de mettre en commun leurs armes, leurs renseignements et autres stratégies pour contrer le monstre qui hante les nuits et même les journées de populations contraintes à la fuite quand elles survivent aux assauts des hommes armés non identifiés, l’appui des partenaires étrangers ne sera point de trop, en tout cas, pas à cette étape de la lutte.
Et c’est cette vision de coopération dans le développement et la lutte contre l’insécurité partagée par Olaf Scholz et son hôte nigérien Mohamed Bazoum qui fait recette aujourd’hui. En témoigne la contribution aérienne de la force française Barkhane et de l’armée nigérienne, qui a donné ce coup de pouce aux soldats burkinabè du détachement de Bourzanga dans le centre-nord, pour neutraliser plus de 40 terroristes et procéder à la saisie de trois véhicules dont un blindé, des armes individuelles et collectives, des motos et divers matériels.
Le seul bémol qui douche l’enthousiasme des acteurs de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest, c’est bien le comportement cavalier et suicidaire de la junte militaire au pouvoir à Bamako, elle qui, tout en composant avec la société de sécurité privée russe Wagner, vient de retirer le Mali du G5 Sahel constitué de ce pays, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie, pendant que les forces française Barkhane et européenne Takuba se voient obligées de quitter les berges du Djoliba.
Pourtant, comme le dit l’adage, c’est «l’union-qui-fait la force»! Mieux les peuples du Sahel et ceux des pays attaqués, n’ont autre priorité actuellement que celle de se débarrasser des terroristes pour enfin s’assurer la pitance quotidienne.
Par Wakat Séra