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Lutte contre le terrorisme: réorganisation opérationnelle, équipement, stratégie (…), les pions de Damiba

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Sous leur treillis et équipement de force spéciale, laissant le front de lutte contre les «fous de dieu», ils se sont déployés sur les points stratégiques de la capitale burkinabè pour la prise du pouvoir par la force, le 24 janvier 2022, justifiant cela par l’«incapacité de Roch Kaboré» à sécuriser les populations et leurs biens sur tout le territoire national. Ils l’ont dit: «Peuple et amis du Burkina, au regard de la dégradation continue de la situation sécuritaire qui menace les fondements même de notre Nation de l’incapacité manifeste du pouvoir de monsieur Roch Marc Christian Kaboré à unir les Burkinabè pour faire face efficacement à la situation, et suite à l’exaspération des différentes couches sociales de la Nation, le MPSR (Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration) a décidé d’assumer ses responsabilités devant l’histoire, la communauté nationale et internationale», selon les déclarations, aux premières heures, du porte-parole de la junte, le capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo.

Le pouvoir entre les mains du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et ses camarades du MPSR, la place est maintenant aux démonstrations de muscles et de quoi ils sont capables. Mais pendant que le lieutenant-colonel, le désormais chef suprême des Armées travaillait à d’abord sécuriser le fauteuil accaparé, les «individus armés non-identifiés» poursuivaient leurs actes de terreur sur le terrain. Au cours des 100 premiers jours du MPSR au pouvoir, le pays a enregistré, selon l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Bamako dont l’auteur de l’article, Fahiraman Rodrigue Koné, cite Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), «610» attaques terroristes qui ont coûté la vie à «567» personnes, entre le 25 janvier et le 8 avril 2022.  «Par rapport à la période correspondante en 2021, le nombre d’incidents a quadruplé et les décès ont triplé», souligne l’ISS. Des populations qui se sont vite désenchantées, commençaient à donner de la voix. Le 1er avril 2022, le tout nouveau président du Faso prenant la parole pour rassurer les Burkinabè, leur a donné rendez-vous en septembre 2022 pour un premier bilan de la lutte contre le terrorisme.

La thérapie à double action de Damiba

Arrivée en catimini à la tête du pays, le «messie» et ses «apôtres» multiplient les prises de mesures dans le but de remplir leur promesse de recouvrer l’intégrité du territoire burkinabè. «Nous avons pris la résolution de traiter le mal à sa source en mettant en œuvre une thérapie à double action», a déclaré le lieutenant-colonel Damiba le 20 mai 2022 à Bobo-Dioulasso. Alors, la première consiste, selon lui, à aménager des cadres pour que des Burkinabè puissent se parler afin d’aplanir les divergences. D’où la mise en place des comités locaux de dialogue pour la paix en vue de permettre un retour de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays. La deuxième action consiste à traquer jusqu’à leur dernier retranchement ceux qui refusent de comprendre «et s’obstinent à semer la terreur dans (les) villes et campagnes».

Pour mener, donc, le combat contre les attaques armées, le Gouvernement de la transition, mis en place après le putsch, a opté pour une approche qui s’articule sur cinq piliers. Il s’agit, notamment, de la réorganisation opérationnelle de l’action militaro-sécuritaire, du développement de la dimension holistique de la réponse nationale, du renforcement de la coopération militaire et du partenariat stratégique, de l’opérationnalisation des réformes structurelles de la sécurité nationale et de l’offre de dialogue évoqué un peu plus haut.

Dans le cadre de cette lutte, il y a eu la création de la Task-Force qui a réfléchi sur l’opérationnalisation de la Stratégie nationale de lutte contre le terrorisme (SNLCT) élaborée en 2021. On peut aussi citer la création du Commandement des opérations du théâtre national (COTN). Commandé par le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, le COTN a «pour missions de concevoir, organiser et soutenir les opérations de sécurisation des opérations du territoire national». Il «exerce son autorité sur l’ensemble des forces de défense et de sécurité et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) ainsi que leurs moyens engagés sur le théâtre».

Toujours au niveau de la réorganisation de l’Armée, on note les nominations, le redéploiement des soldats, la création de nouvelles entités militaires, de nouveaux régiments d’infanterie pour un meilleur maillage du pays. Le président a également procédé à la dissolution du Groupement central des armées. Il y a eu aussi la mise en place de la Brigade de veille et de défense patriotique (BVDP) qui regroupe l’ensemble des VDP. Elle a, entre autres, pour mission, la coordination opérationnelle de la défense civile et militaire, la contribution à la recherche de renseignements, et la défense de certaines parties du territoire en cas de nécessité.

Dans le même sens, le 18 mars 2022, le ministre burkinabè en charge de la Défense, le général Barthélémy Simporé, dans un communiqué, a rappelé les anciens militaires des Forces armées nationales du Burkina Faso des Armées de terre, de l’Air et de la Gendarmerie nationale, non officiers pour la réserve opérationnelle. Ceux qui sont concernés par la mobilisation sont les militaires des catégories sous-officiers et militaires du rang admis à la retraite ou ayant quitté régulièrement l’institution militaire au cours des trois dernières années (2019-2020-2021 y compris du 1er janvier au 24 mars 2022) et jouissant d’une bonne condition physique. Ils doivent prêter main forte à la lutte contre le terrorisme.

Renforcement des capacités des forces armées

En plus de ces actions, le Gouvernement est engagé dans le renforcement de l’équipement des forces armées nationales. Le vendredi 12 août 2022, le ministre en charge de la Défense a confié qu’un effort budgétaire a été consenti en faveur de son ministère et celui en charge de la Sécurité, soutenant qu’ «une vigoureuse action de mobilisation de ressources est en cours (…) pour soutenir le plan d’équipement des forces». Il a fait savoir que beaucoup de commandes de matériels sont déjà faites et qui sont en cours de livraison progressivement. «Nous pensons que très bientôt, l’ensemble de ces équipements seront fournis, selon les échéances qui ont été définies dans les contrats», a-t-il signifié, rassurant que les capacités nécessaires aux forces seront réunies.

Pour ce qui est de la coopération militaire avec d’autres pays, le Gouvernement informe qu’il entend l’étendre à d’autres partenaires. Dans ce sens, «plusieurs missions de prospections ont déjà été envoyées dans divers horizons», et «cette dynamique diplomatique se fait en toute discrétion sans tambour ni trompette», selon le général Simporé. Dans cette optique, des autorités militaires ont effectué des missions dans des pays comme le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigéria et l’Egypte…

Une autre stratégie adoptée par la transition, est la création de zones d’intérêt militaire et l’interdiction de commercialisation de certaines motos et leur circulation dans certaines localités du pays.

Pour encourager les combattants sur le terrain, la transition a initié des décorations des soldats qui se sont distingués lors des attaques armées dans les différents détachements.

Cette lutte contre l’hydre terroriste ne concernant pas seulement les Forces de défense et de sécurité, le président Damiba a eu des rencontres avec les composantes de la Nation, notamment, les chefs coutumiers, les religieux, les politiques, appelant chacun à jouer pleinement sa partition, son rôle.  

C’est dans ce sens que la transition a annoncé, l’organisation d’une Journée nationale du refus du terrorisme, dans les tous prochains jours, qui sera «le point de lancement de la remobilisation nationale pour une intensification de la lutte dans toutes les dimensions».

Par Daouda ZONGO