Après le Ghana et le Nigéria en Afrique de l’ouest, Emmanuel Macron a mis le cap sur la corne du continent. Que ce soit à Djibouti, au Kenya et ou en Ethiopie où il s’est rendu, Emmanuel Macron a parlé business, ouvrant ainsi à la France et ses industriels, de nouvelles opportunités d’affaire. Il a également rencontré les étudiants kényans pour discuter avec eux opportunités d’études et de formation en France. Elargissant ainsi le spectre des offres et perspectives pour son pays, le président français redessine ainsi la carte traditionnelle des partenaires de la France qui faisaient des anciennes colonies, des privilégiées des relations franco-africaines. Et ce n’est pas non plus un hasard du calendrier qui amène Emmanuel Macron vers les nouveaux «lions de l’Afrique». A l’instar des autres pays du continent, y compris la Côte d’Ivoire et le Sénégal, les «enfants chéris» de la France, le flirt est très poussé entre la Grande Chine et Djibouti, Nairobi et Addis-Abeba. C’est donc l’occasion pour Paris, par le biais de ces séjours au sommet, de se rapprocher davantage de ses nouveaux partenaires et surtout essayer de rattraper le retard accusé sur la pénétration jaune en Afrique.
Même si pour l’instant il n’y a pas péril en la demeure, il urge pour la France d’enrichir sa palette d’«amis», surtout que les anciennes terres ne sont plus les vastes prairies vertes où les matières premières abondaient et dont les populations étaient de serviles consommateurs. Du reste, les relations entre la France et son pré-carré sont marquées du sceau indélébile de commerce entre anciens colonisés et colonisateurs. Ce péché originel, dont découle la Françafrique, et qui a permis à nos ancêtres les Gaulois d’user et d’abuser de paternalisme pour dicter aux Africains francophones la marche à suivre et leur imposer des dirigeants dont le seul objectif est de protéger les intérêts du maître, ne sera pas de mise dans les nouvelles conquêtes de la France. Les relations, entre les nouveaux «amis» seront sans aucun doute plus saines et surtout bâties sur des partenariats gagnant-gagnant. Dans cette logique, les partenariats économiques entre la France et les pays anglophones dont la plupart ont gardé presqu’intactes leurs cultures et valeurs traditionnelles, piliers de tout véritable développement, serviront peut-être de modèles à un «new deal» entre Paris et tous ses partenaires, y compris les anciens. Du reste, l’éveil des peuples, la naissance d’une opinion en Afrique et la diversification des partenaires, sont autant de données qui serviront à retour d’un monde multipolaire, peut-être plus juste. En tout cas, si beaucoup d’opportunités s’offrent aux industriels venus des bords de la Seine, en retour, Kényans et Ethiopiens s’offriront le marché français, notamment pour des produits comme le café, le thé ou autres.
C’est désormais clair, l’Afrique, courtisée par toutes puissances du monde, est bien en mesure de reconquérir la place qui doit être la sienne en matière de commerce international, en diversifiant ses partenariats et surtout en cherchant à sortir définitivement de son statut de continent asservi. Et c’est tout aussi clair que les paradigmes d’aide et d’intervention français sur le continent prendront une autre coloration. Les pays qui s’arrogent des privilèges d’anciens colonisés et donc prioritaires dans les actions françaises sont prévenus.
Par Wakat Séra