Le président de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA, opposition), Pr Mahamoudou Dicko, a affirmé face à la presse, ce mercredi 26 septembre 2018, à Ouagadougou, que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) «aurait déjà bouclé (son) budget pour la campagne» des élections prévues en 2020 au Burkina Faso. Les responsables de la NAFA, ont animé cette conférence de presse pour inviter leurs militants et sympathisants à sortir «massivement» samedi prochain pour répondre à l’appel de l’opposition politique burkinabè visant à dénoncer la gestion «chaotique» du pouvoir actuel.
«Comme vous le savez, cette conférence de presse se tient dans un contexte où le Burkina Faso traverse une période sombre de son histoire. Jamais, au grand jamais, depuis l’indépendance, l’unité nationale et notre intégrité territoriale n’ont été aussi menacées», a, d’abord fait observer le professeur Mahamoudou Dicko qui trouve d’ailleurs que ceci est «désolant». Selon Mahamoudou Dicko, la gouvernance du régime du MPP est caractérisée par «une politisation de l’administration publique, le népotisme et la corruption à ciel ouvert», entre autres.
Pour le premier responsable du parti proche du général Djibrill Bassolé, les Burkinabè ont «l’impression que le système actuel prend du plaisir à entraîner le Burkina vers le gouffre, ce que nous n’allons jamais accepter». Pour lui, après les événements d’octobre 2014, «les Burkinabè ont vite fait de comprendre que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui étaient en réalité responsables des tares du régime de Blaise Compaoré (évincé du pouvoir fin octobre 2014)».
La réconciliation nationale qui doit «créer l’union sacrée pour sauver la patrie n’est pas une priorité pour le MPP et ses alliés», a poursuivi M. Dicko, notant que «la haine, la vengeance, l’ostracisme, les déclarations et accusations hasardeuses sont devenus le socle de la gouvernance» du régime actuel.
«Nous sommes face à un régime de la terreur où les libertés syndicales sont remises en cause, où la critique ou le simple fait de s’opposer au régime est désormais qualifié d’attentat à la sûreté de l’Etat. Cela en complicité avec une justice instrumentalisée toujours aux ordres du pouvoir», a dénoncé avec véhémence le président de la NAFA qui estime qu’«au mépris de la souffrance des populations, ce qui les (dirigeants politiques) préoccupe le plus, est de se faire réélire en 2020».
Sur le plan judiciaire, ce que la NAFA n’a cessé de dénoncer depuis l’avènement de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le parti mentionne que «le cas du général Djibrill Bassolé illustre le fait que pour le procès du putsch, d’une manière générale, toute la procédure est symptomatique de graves déviations par rapport aux règles du procès équitable et aux garanties minimales qu’exige le respect des droits de la défense dans une justice impartiale, soustraite des influences politiques».
Le procès du putsch, censé faire éclater la vérité est devenu une «tribune où apparemment il y a vice de procédure et de possibles faux et usage de faux». En plus, les «cas Naïm Touré, Pascal Zaïda, Denise Auguste Barry, Safiatou Lopez (leaders politiques et de la société civile) et les invraisemblances de la justice militaire dans le dossier du putsch manqué sont les exemples patents d’une justice d’exception aux ordres du plus fort du moment», a-t-il conclu.
Par Bernard BOUGOUM