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Mali: Assimi Goïta, seul maître à bord!

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Le colonel Assimi Goïta, patron de la junte militaire (Ph. abamako)

Le Mali suspendu des instances de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui demande la nomination d’un Premier ministre civil avec l’appel à la formation d’un gouvernement inclusif pour poursuivre la Transition dont l’institution sous-régionale insiste sur la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois. La date du 27 février 2022 à laquelle est prévue l’élection présidentielle doit être absolument maintenue, déclare la CEDEAO qui prévoie la mise en place d’un mécanisme de suivi à cet effet. Ce sont les informations principales du sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation au Mali, qui a rassemblé, ce dimanche, à Accra au Ghana, les dirigeants de la sous-région. Pas plus, pas moins que ça, malgré la gravité de l’acte commis par les militaires qui ont mis aux arrêts, les président et Premier ministre de la transition!

Des décisions bien insignifiantes par rapport à la fougue dont ont fait preuve, certains chefs d’Etat, après le premier coup de force des hommes de Kati, qui ont renversé, Ibrahim Boubacar, le 18 août 2020. Les troisièmes mandats anticonstitutionnels de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et du Guinéen Alpha Condé, véritables coups de force contre la démocratie, étant passés par là, la CEDEAO disposait encore de peu de crédit pour condamner les militaires maliens qui réussissent leur deuxième coup d’Etat en neuf mois. Sans oublier qu’au Tchad, bien alignés, comme à l’accoutumée, derrière la France de Emmanuel Macron, les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest, avaient adoubé le colonel Mahamat Déby, qui, lui aussi, a pris le pouvoir par les armes, à la mort de son père, le maréchal Idriss Déby Itno.

Comment donc réussir la prouesse d’applaudir des deux mains la prise de pouvoir par les généraux au Tchad et jeter en pâture, dans le même temps, les colonels maliens qui, après avoir arraché le pouvoir par les armes, reprennent, encore par les armes, ce qu’ils avaient cédé lorsqu’il fallait donner des chances à une transition accouchée dans la douleur? Le deux poids deux mesures, était voué à l’échec, face à la détermination des hommes de Kati, de ne point s’en laisser conter. Et Assimi Goïta, est redevenu le seul maître de Bamako, aidé dans sa reconquête par la Cour constitutionnelle de son pays qui l’a fait président du Mali, des syndicats, des leaders de la société civile, d’une partie du très populaire M5-RFP qui avait déstabilisé l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et surtout l’agitation permanente du sentiment anti-français sur fond de rivalité entre la France et la Russie.

La Transition minée par cette opposition de deux blocs, l’un proche de la Russie, mené par les militaires auteurs des deux coups d’Etat, et l’autre, francophile, au sein duquel se démènent Bah N’Daw et Moctar Ouane, respectivement, désormais ex président et ex Premier ministre de la transition. Une transition politique plus que jamais menacée, la volonté de Assimi Goïta et de ses hommes étant, de plus en plus manifeste de garder le plus longtemps possible le pouvoir et plus si affinités. Et ce ne sont pas les menaces de Emmanuel Macron de faire partir du Mali, les soldats français engagés dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel ou le service minimum de la CEDEAO, contrainte au service minimum, qui feront plier Assimi Goïta, assistés de ces conseillers politiques occultes qui ont une lecture profonde de la géopolitique et qui font marcher une communauté internationale plombée par ses propres contradictions.

En tout cas, nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes, la CEDEAO et plus généralement la communauté internationale, doivent comprendre que créer des précédents du genre Tchad, portent toujours préjudice à la longue. Si le Mali ne peut vivre en autarcie, et a, plus que jamais, besoin de l’appui de ses voisins pour sortir de cette situation de recul démocratique et se remettre sur les rails du développement, il demeurera cependant toujours répulsif aux condamnations de donneurs de leçons qui eux-mêmes peuvent difficilement se regarder dans le miroir.

En attendant, c’est bien la démocratie qui est en danger, le printemps des coups d’Etat pouvant ressurgir avec l’impuissance de la communauté internationale face à l’appétit bien évident des militaires de confisquer le pouvoir et leur propension à jouer les arbitres dans des Etats faillis dont les dirigeants civils sont devenus, sous le couvert des urnes, des prédateurs de libertés et de grands experts en corruption, mal gouvernance, népotisme, et tous les autres maux finissant en isme.

Par Wakat Séra