Des mercenaires russes de la société privée Wagner seront-ils bientôt actifs au Mali? Oui, selon l’agence de presse britannique Reuters, qui affirme que des négociations entre les autorités de la Transition et le groupe Wagner sont en cours et même «proches de conclure». Selon quelques termes de l’accord en cours de négociation, le groupe Wagner serait payé six milliards de francs CFA par mois pour former des militaires maliens et assurer la protection de certains hauts dirigeants et son accès à trois sites miniers ferait également partie des discussions.
Le groupe Wagner est déjà présent en Afrique, notamment en Libye et en Centrafrique, où ses exactions ont été documentées par des journalistes, de RFI notamment, et par des organisations de défense des droits de l’Homme. Au Mali, en revanche, ce serait une première et cela, dans un contexte de désengagement français avec la fin annoncée de l’opération Barkhane et la réduction des effectifs militaires français dans le pays.
L’accord en cours de négociation porterait, selon Reuters, sur l’envoi de plusieurs centaines, voire d’un millier de mercenaires russes au Mali. Le groupe Wagner serait payé six milliards de francs CFA – plus de neuf millions d’euros – par mois pour former des militaires maliens et assurer la protection de certains hauts dirigeants. Pas de participation directe au combat contre les groupes terroristes.
L’accès du groupe Wagner à trois sites miniers ferait également partie des discussions. Reuters s’appuie sur sept sources diplomatiques et militaires, mais aucune confirmation officielle, ni côté Wagner, ni côté malien. Sollicitées par RFI, depuis plusieurs jours sur le sujet, aucune des autorités gouvernementales, militaires ou à la présidence contactées n’a confirmé les discussions en cours.
Paris tenterait de dissuader Bamako de concrétiser l’accord
Le ministre malien de la Défense était en visite à Moscou au début du mois. Ce n’est pas sa première mission dans le pays qu’il connaît bien puisque le Colonel Sadio Camara, tout comme le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition, a effectué une partie de sa formation en Russie. C’est également le cas du Colonel Malick Diaw, président du Conseil national de Transition. Soit trois des cinq piliers de la junte du CNSP, auteurs du coup d’État d’août 2020 qui a fait tomber le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Reuters affirme en outre que Paris tenterait, actuellement, de dissuader les autorités maliennes de concrétiser cet accord. Sans le confirmer, un haut-gradé de l’Armée française rappelle les nombreuses exactions dont le groupe Wagner est accusé en Centrafrique. Et de commenter : «Ce n’est certainement pas la meilleure solution».
Source: RFI