Quelques heures après l’annonce du nouveau gouvernement lundi, le Premier ministre Moctar Ouane et le chef de l’Etat Bah N’Daw ont été conduits, manu militari, au camp militaire de Kati, là même où le président déchu Ibrahim Boubacar Kéita avait été emmené, après le coup d’Etat de la junte militaire en août 2020. Si nombre d’observateurs lient ce coup de force des militaires à la composition du nouveau gouvernement, celle-ci n’est peut-être que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dessous d’un coup de force qui a l’allure d’un coup d’Etat militaire au Mali.
Selon une source bien renseignée, l’interpellation du président malien de la Transition Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane, ne serait pas uniquement liée à la composition du nouveau gouvernement formé hier lundi. Ce coup de force des militaires contre les dirigeants de la Transition serait la conséquence d’une crise qui était déjà profonde. Notre source a rappelé des évènements qui caractérisaient déjà la crise à laquelle faisaient face les autorités de la Transition.
Il s’agit, entre autres, de la décision du Premier ministre Moctar Ouane, de démissionner à 24 heures de la fin du préavis de grève illimitée de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Cela semble ne pas bien passer chez certains qui ont estimé que le Premier ministre devrait s’atteler à trouver des solutions avec l’UNTM au lieu de démissionner.
En outre, il est reproché au Premier ministre, Moctar Ouane, d’être responsable de la non application de l’accord de février 2021 entre le Gouvernement et l’UNTM. Toujours dans le même élan de résolution de la crise sociale, une conférence sociale avait été prévue pour mars 2021. Cette conférence ne sera jamais organisée au grand désarroi des partenaires sociaux.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase des mécontentements est arrivée avec la formation, lundi 24 mai du nouveau gouvernement. De l’avis de certains, ce gouvernement manque d’ouverture avec le M5 non représenté, ce mouvement qui était engagé pour le départ du pouvoir de Ibrahim Boubacar Keita.
Notre source invoque également le débarquement du ministre de la Défense de l’ancien gouvernement, le Colonel Sadio Camara «alors qu’il a le meilleur bilan des 10 dernières années à la Défense». La nomination Djibril Tall au ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau passe mal lui à qui il est reproché un «forfait lié à l’affaire B2Gold».
Il est à ajouter à cela, le débarquement du ministre de la Sécurité, le Colonel Modibo Koné au profit du Général Mamadou Lamine Ballo. «Alors que le ministre débarqué avait l’un des meilleurs bilans des cinq dernières années». C’est tout ce qui aurait fâché Assimi Goïta et ses hommes et qui les a conduits à faire ce coup de force aux dirigeants de la Transition.
Par Wakat Séra
