Les décisions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à l’issue d’un sommet virtuel sur la situation socio-politique du Mali, ayant réuni les chefs d’Etats et de gouvernements, sont contenues dans cette déclaration de clôture lue par le président du Niger, président en exercice de l’institution, Mahamadou Issoufou. La CEDEAO est favorable à la nomination d’une personnalité civile comme Président de la transition.
«Nous sommes à la fin de notre Sommet extraordinaire virtuel consacré à la crise politique dans laquelle le coup d’Etat du 18 août 2020 a plongé le Mali.
Nous avons suivi avec attention le compte rendu du Dr Goodluck Jonathan, médiateur que nous avions chargé de la mission de rencontrer les responsables de la junte militaire pour leur porter le message de notre communauté en vue d’un retour dans les plus brefs délais à une situation institutionnelle normale au Mali. Son rapport circonstancié nous a permis de connaître l’état de la situation et après un examen attentif de la situation, notre Sommet décide de prendre les décisions suivantes :
- Il prend acte de la démission du Président Ibrahim Boubacar KEITA comme indiqué par le Médiateur qui a été chargé d’en informer notre Conférence ;
- Il prend acte de la libération du Président Keita ainsi que celle des autres officiels détenus ;
- Il demande aux Responsables du CNSP d’engager une transition civile immédiatement en consultation avec la Cour Constitutionnelle, les Partis Politiques et les Organisations de Société Civile et tous les autres acteurs engagés ;
- Il décide que cette transition civile doit prendre en compte les éléments suivants :
- Nomination d’un Président de la transition. Cette personnalité, civile, reconnue pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, sera chargée de diriger la transition. Le Président de la transition ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
- Nomination d’un Premier Ministre civil, Chef de Gouvernement, reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale. Il sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du Président de la transition. Ce Premier Ministre ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
- Mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles dans un délai de 12 mois.
- Aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du Président de la transition.
- Notre Sommet décide que les sanctions énoncées aux points 13 (h) et 13 (i) de la Déclaration des Chefs d’Etat et de Gouvernement du 20 août 2020 seront levées progressivement en fonction de la mise en œuvre des décisions ci-dessus ;
- Il appelle à la finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la CEDEAO et le Mali et invite l’Union Africaine et les Nations Unies à endosser cet accord ;
- Il décide de la mise en place d’un Comité de suivi comprenant le Médiateur, le Président du Conseil des Ministres et le Président de la Commission de la CEDEAO, et incluant les Représentants de l’Union Africaine et des Nations Unies à Bamako ;
- Il félicite le Médiateur et sa Délégation pour les résultats obtenus lors de leur précédente mission ;
- Il décide de demeurer saisi de la situation au Mali.
Ces mesures contribueront certainement à guérir le Mali des démons du putschisme.
Par ailleurs les chefs d’Etats informés du décès du Conseiller diplomatique du Président Ouattara, Mr Mamadou Diané ont présenté leurs condoléances au Président Ouattara et au Peuple Ivoirien. Ils ont également remercié le Président Muhammadu Buhari pour l’appui logistique à la délégation de la CEDEAO pour sa mission au Mali.
Mesdames et Messieurs,
Le 7 septembre 2020 se tiendra à Niamey, le 57e sommet ordinaire de notre Organisation. Ce sommet nous permettra de faire le point par rapport à l’évolution de la situation au Mali et de prendre d’autres mesures, le cas échéant.
Pour conclure, Je tiens à réaffirmer au peuple Malien l’engagement de la CEDEAO à ses côtés pour trouver et mettre en œuvre les solutions les meilleures pour la stabilité institutionnelle du Mali.
Je déclare clos les travaux du présent sommet virtuel de notre Conférence.»