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Mali: la guerre de Kidal a déjà ses morts!

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Y a-t-il un charnier à Kidal? (Ph. d'illustration)

Tous, notamment les populations de Kidal la redoutaient, sans véritablement le moindre espoir qu’elle soit évitée. La guerre de Kidal aura donc lieu. Elle a même commencé, faisant déjà ses premiers morts. Alors que les Forces armées maliennes (FAMa) affirment avoir neutralisé des terroristes, les rebelles de la coalition dite du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) qui revendiquent le contrôle de Kidal et ont investi le camp de cette ville, camp à peine libéré par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dénoncent des frappes dont la comptabilité est bien macabre. 14 morts, dont 8 enfants et 6 notables et une trentaine de blessés parmi lesquels ils ont dénombré 21 enfants. Des chiffres semblables proviendraient également de sources médicales qui évoquent une dizaine de morts dont plusieurs enfants. A moins que ce soit une communication de guerre mise en œuvre dans un dessein bien précis, les enfants sont ceux qui paient le lourd tribut à ce début de guerre à Kidal.

Au centre de la convoitise de l’armée malienne et des rebelles du CSP, le désormais ancien camp de la Minusma, n’a certainement pas fini d’être pilonné et sera dans les jours et nuits à venir, le théâtre d’un conflit dans lequel périront de nombreuses victimes collatérales innocentes. D’où la forte inquiétude des populations civiles, en l’occurrence les téméraires de Kidal qui n’ont pas voulu fuir, afin de trouver refuge en Algérie voisine, à l’instar des nombreux autres habitants de Kidal qui sont partis sans demander leurs restes. Ils étaient conscients de la menace de chaos, depuis que la Minusma a commencé à faire ses paquetages pour se trouver des cieux plus cléments, après avoir été déclarée non grata sur le territoire national par le pouvoir kaki du colonel Assimi Goïta.

Tout est allé vite, car en prévision de la reconquête du Nord qu’elles avaient perdu, et plus précisément de Kidal qui leur échappe toujours, les autorités militaires maliennes avaient mis en branle, en direction de leur cible, des véhicules roulants et volants, lourdement équipés. Dans le même temps, les hommes du CSP, préparaient la riposte. Prise en sandwich entre le marteau de l’armée qui ne lui délivrait plus les autorisations de vol devant lui permettre d’évacuer le camp par les airs, et l’enclume des rebelles, la Minusma a donc dû avancer la date de son départ. Il a fallu envisager et aussitôt entreprendre un voyage retour qui n’aura pas été de tout repos pour les Casques bleus, le personnel et le matériel de la structure onusienne qui était ainsi livrée aux attaques terroristes.

Pendant que rebelles et armée malienne se disputent l’emprise militaire de Kidal qu’elle a libérée, la Minusma, après une semaine d’un périple agité et émaillé de sauts de véhicules sur les mines ennemies et fait de rationnement d’eau et de nourriture, a pu donc atteindre Gao. Maintenant, à quelle sauce sera mangée cette Minusma qui est devenue indésirable au Mali, mais en même temps, dit ne pas bénéficier des autorisations de vol adéquates pour sortir du territoire? Le calvaire est donc loin d’avoir pris fin pour les hommes de la Minusma qui sont loin d’être en terre amie. Vivement qu’un modus vivendi soit trouvé entre chasseurs et chassés pour faciliter le départ des derniers.

Autre question: à quand la fin de la galère des populations civiles maliennes qui ne savent plus quel prophète protecteur invoquer? Car, en plus des assauts meurtriers au quotidien des djihadistes, les Maliens, notamment ceux de Kidal doivent maintenant faire attention aux balles perdues de la guerre entre FAMa et CSP, qui ne se feront, visiblement, aucun cadeau!

Par Wakat Séra