«La guerre est inévitable». La déclaration, à travers une vidéo qui circule en boucle depuis ce week-end est loin d’être anodine car, attribuée au premier secrétaire parlementaire du Conseil national de la transition (CNT), Amadou Albert Maïga. Le responsable de l’organe législatif de la transition malienne justifie ses propos par la fusion récente des mouvements chapeautés par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui, face à l’inefficacité de l’Accord de paix de 2015.
Le haut responsable du CNT, visiblement supporter transi, des autorités de la transition malienne, n’y est pas allé par quatre chemins pour annoncer cette confrontation qui, selon lui ne peut plus être évitée. Morceaux choisis d’un discours qui pourrait bien avoir d’autres véritables auteurs, encore cachés: «Nous allons marcher, s’il le faut, sur ces groupes armés rebelles. (…) Nous avons aujourd’hui une armée équipée et puissante qui peut frapper à la vitesse de la lumière (…) Nous allons faire cette guerre pour libérer notre pays du joug du colonialisme, du terrorisme et de la rébellion.»
Pourtant, bien que partageant le même patronyme que le Premier ministre et son ancien intérimaire et ministre de l’Administration territoriale, le sieur Maïga est loin de faire partie du conseil de guerre du Mali. Sa bouche n’a-t-il donc que servi à parler au nom de quelqu’un? Sans aucun doute, vu que le sujet est si sensible que n’importe quel quidam ne peut l’évoquer sans s’attirer les foudres des autorités. En tout cas, cette vidéo incendiaire qui a tout de suite suscité l’indignation des ex-rebelles de l’Azawad ne manque pas de ramener à une question essentielle: est-ce donc l’aboutissement des équipements de guerre que la junte malienne fait venir régulièrement de la Russie ces derniers temps?
En attendant, peut-être, une sortie du pouvoir kaki de Bamako, pour situer les uns et les autres sur cette déclaration, toutes les hypothèses sont à mettre dans la balance, avec cependant l’espoir que cette guerre n’aura pas lieu, pour le bien d’un Mali qui subit un régime de transition alors que les populations civiles et l’armée sont constamment endeuillées par des attaques terroristes, presque chaque jour. A moins que les Forces armées maliennes (FAMAs) aient décidé de laver cet affront que leur ont infligé les ex-rebelles qui les avaient délogées de Kidal en 2012.
Le député Amadou Albert Maïga a-t-il mesuré les implications sous-régionales et même régionales de cette guerre qu’il appelle de tous ses voeux? Probablement pas! En tout cas, si cette vidéo est un ballon d’essai comme certains osent encore le croire, il faudra vite le dégonfler et donner la chance inestimable de la paix aux Maliens.
Par Wakat Séra