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Mali: la Minusma impuissante pleure encore 4 morts

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Les éléments de la Minusma comme bouclier humain à Kidal (Ph. d'illustration)

La Minusma encore endeuillée. Ce sont quatre casques bleus qui ont été envoyés ad patres suite à l’explosion de leur véhicule, pourtant blindé, sur une mine artisanale. Ces décès portent à huit, le nombre des éléments de la Mission des Nations Unies au Mali, depuis le début de cette année qui a est particulièrement meurtrier pour le pays. Car, la mission onusienne est loin d’être la seule cible des terroristes qui multiplient les attaques, dont la fréquence n’a d’égales que les nombreuses pertes en vies humaines qu’elles occasionnent. L’armée malienne, elle aussi, avec six de ses militaires qui viennent d’être tués, le mardi dernier, dans la même région de Mopti et dans des conditions similaires à celle de la mort des soldats du Minusma, est constamment dans le viseur des djihadistes, qui la pilonnent sans répit. Plus une semaine ne passe sans que cette armée ne soit attaquée par des individus sans foi ni loi qui se cachent derrière le faux masque de la religion pour accomplir des desseins plus proches du banditisme que de tout. Et c’est dans le but d’affirmer davantage sa présence dans la défense du territoire que les militaires, à en croire le gouvernement malien, ont mené une opération dans laquelle plusieurs civils ont trouvé la mort.

La comptabilité macabre s’allonge et touche tout ce qui pourrait freiner l’appétit vorace des terroristes dans leur lancée de faire du Mali leur base imprenable. Leur tâche en est facilitée par le grand malaise qui frappe l’armée malienne qui connaît des désertions et des crises de nerf de certains de ses éléments dont ce sergent qui s’en est pris à sa hiérarchie dans une vidéo qui a fait le bonheur des habitués des réseaux sociaux. Visiblement, cette armée manque de plus en plus de confiance en elle, par le manque de logistique et sans doute de formation adéquate pour faire face à la puissance de feu de l’ennemie en face. Dans cette guerre asymétrique dans laquelle ils excellent, les terroristes, en optant désormais pour la stratégie poltronne des mines anti personnelles qu’ils actionnent de loin, font des ravages tant dans les rangs des militaires que des civils. Mais les djihadistes sont-ils toujours en position de force où alors font ils feu de tout bois, parce que acculés par la conjonction des frappes des forces maliennes, de Barkhane et désormais du G5 Sahel?  La question reste posée, dans un contexte où le Mali est sous la menace d’occupation dans sa partie nord, alors que l’accord de paix de 2015 peine à s’imposer aux parties même qui l’ont signé.

La Minusma, Barkhane et la force du G5 Sahel ne sont donc pas au bout de leurs efforts pour tenir en respect les djihadistes dans leur œuvre funeste. Mais plus que tout, c’est à l’armée malienne de se donner les moyens logistiques et le moral pour défendre et sécuriser ses populations et surtout empêcher le morcellement du territoire au profit de terroristes assoiffés de sang. Il n’en demeure pas moins que l’aide des Occidentaux, qu’elle soit en matériels, en renseignements, ou en formation, sera salutaire, car ce sont aux biens et aux ressortissants occidentaux que les terroristes s’intéressent, faisant des pays africains, notamment sahéliens, des victimes collatérales. Il urge également que la lutte contre le djihadisme au Mali soit plus transparente et débarrassée de toutes ces suspicions, réelles ou non, dont sont affublée la France en ce qui concerne notamment une région de Kidal dont le sous-sol regorgerait de bien de richesses naturelles.

Par Wakat Séra