Ce vendredi 17 servira de mi-temps au match qui oppose depuis le 5 juin dernier, le M5-RFP au régime de Ibrahim Boubacar Keïta. Le terrain ne sera pour autant totalement dégagé. Si l’influent imam Mahmoud Dicko et les siens déserteront la place de l’Indépendance et les rues de Bamako, ils seront par contre dans les mosquées pour prier pour le rétablissement des 124 blessés et les âmes de 11 des leurs, fauchés par les balles, lors des manifestations du week-end du 10 au 12 juillet. Occasion pour la contestation, également, de montrer sa bonne foi dans les différentes initiatives entreprises par les chefs de l’Etat de la sous-région, la communauté internationale et surtout la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), qui oeuvrent pour la résolution de la crise malienne.
Les arbitres de la CEDEAO, avec à leur tête l’ancien président nigérian, le bien-nommé Goodluck-bonne chance-Jonathan, eux essaient de siffler la fin de ce combat qui a fait descendre dans les arènes, des Maliens déterminés à retirer le fauteuil présidentiel à IBK. Mais beaucoup d’eau semble avoir couler sous les ponts, offrant au Mali, une chance de paix, inespérée il y a encore quelques jours, tant les antagonismes sont profonds et les positions tranchées.
De simple répit pour le pouvoir de IBK, le break de ce vendredi que bien des observateurs annonçaient pour lui comme celui de tous les dangers, pourrait bien se transformer en paix des braves, si chaque camp lâche du lest et accepte les concessions nécessaires pour éviter le naufrage au navire battant pavillon Mali. Les contestataires, à défaut du scalp de Ibrahim Boubacar Keïta, pourraient bien se contenter de celui de son Premier ministre, le parfum d’un gouvernement d’ouverture nationale flottant dans l’air. Et cette nouvelle équipe risque de voir le jour sans Boubou Cissé. De même, s’il n’obtient pas la dissolution de l’Assemblée nationale, le Mouvement du 5 juin qui a fait trembler la république, sera sans doute en mesure de parvenir à une annulation partielle des élections législatives des 29 mars et 19 avril 2020, dont les résultats très contestés de la Cour constitutionnelle, ont empêché trente députés de prendre possession de leurs sièges d’élus.
A moins que les médiateurs de la CEDEAO sortent de leur botte magique, une solution qui permettra aux victimes de rentrer dans leurs droits. La Cour constitutionnelle ayant été dissoute de fait, selon les propres mots de IBK, celui-ci accepterait difficilement que l’Assemblée nationale soit également dynamitée, toute chose qui ferait perdre au chef de l’Etat malien, sa majorité parlementaire.
Même si le Mali et ses partenaires techniques et financiers feront tout pour éviter le saut dans l’inconnu, la résolution de la crise fera grincer des dents dans l’un ou l’autre camp. Surtout dans celui de IBK qui aura perdu beaucoup de plumes dans ces manifestations qui ont sérieusement entamé son autorité. C’est dire combien le pouvoir de IBK sortira affaibli des négociations. Il sauvera au moins son fauteuil et c’est déjà cela de gagné pour lui. La tempête l’aurait emporté si les troupes de la contestation rentrait dans une opposition politique bien encadrée, présentant une alternative bien structurée.
Quid du sort du chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, victime d’un enlèvement depuis le 25 mars dernier, alors qu’il était en campagne, justement pour les législatives qui ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des récriminations contre le président malien? C’est plus que jamais le moment pour la communauté internationale, et surtout pour Ibrahim Boubacar Keïta, garant de la sécurité de tous les Maliens, de se bouger pour la libération, hic et nunc, de ce grand homme politique, ancien président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et plusieurs fois ministres dans son pays.
En tout cas, le Mali est à la croisée des chemins et en sauvant le soldat IBK, les négociateurs doivent penser également aux problèmes sécuritaires et de mal-gouvernance que rencontrent le pays et qui font le lit de la contestation.
Par Wakat Séra