Il s’appelle Choguel Maïga. Il a accédé à la primature en juin 2021 et en a été éjecté en novembre 2024. Et comme il a commis le péché capital de critiquer le pouvoir de transition dont il était pourtant un des piliers, il devait, sans aucun doute, s’attendre à être châtié de sa témérité. Ce qui ne tarda point. Un «citoyen», visiblement très au parfum des affaires de la république, ayant saisi le Bureau du vérificateur général, qui, dans un rapport publié le 30 décembre 2024, a fait ressortir plusieurs manquements, dans la période de 2020 à 2023, mais surtout au niveau de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (Agefau), directement placé sous la tutelle du Premier ministre qu’était, alors, Choguel Kokalla Maïga. Des irrégularités allant de «frais de missions indus» pour plus de 12 millions de FCFA, à un versement d’un montant de près de 35 millions de FCFA, au titre de dépenses de souveraineté du Premier ministre. Mais, l’opération n’était pas prévue et, de plus, ce sont des dépenses encore «indues», a observé le Vérificateur général.
S’il n’est pas encore inquiété, contrairement aux bruits qui ont couru sur sa convocation, ce jeudi par la Cour suprême, Choguel Maïga ne doit pas être moins…inquiet. Pour la simple raison que le Bureau du vérificateur général a refilé le dossier chaud de Choguel à la section des comptes de la Cour suprême qui ne s’en servira certainement pas comme feuilles de brouillon pour les devoirs de maison des enfants de son personnel. Quelle sera donc la suite qui sera réservée à cet épisode du feuilleton de la saison qui pourrait avoir pour titre, «Menaces sur ancien PM au Mali»? Choguel sera-t-il poursuivi dans un procès dont l’issue ne fait pas de mystère?
En tout cas, ses ambitions politiques, voire présidentielles, risquent bien d’être refroidies, à moins que l’ancien Premier ministre qui a osé ouvrir ce front de désaccords avec ses anciens patrons se tienne à carreau. Il peut bien se voir, tout au moins, déchu de ses droits d’éligibilité et d’électeur, s’il persiste à vouloir être calife à la place du calife. Le chef d’une des branches du M5 RFP, ne peut que trouver malheur en chemin, quelle que soit la suite de cette inévitable confrontation qui s’annonce entre lui et la transition, par justice interposée. L’ancien Premier ministre défenestré ne peut espérer mieux, si la justice est saisie de l’affaire, surtout qu’il dit avoir «la conscience claire».
Quoiqu’il arrive, les Maliens et les Maliennes seront servis en déballages, si seulement Choguel Maïga, qui a déjà une longueur de retard parce que présenté comme celui qui a cédé à la corruption, a encore l’occasion de se livrer à des déclarations publiques. Ce n’est, peut-être pas, le seul et dernier dossier qui sera balancé sur le dos de celui qui, alors qu’il occupait, de 2021 à 2024, le fauteuil hautement éjectable de Premier ministre, s’est montré intraitable avec les détracteurs de la transition dirigée par le général Assimi Goïta. Même après son éjection, il a continué à considérer cette transition comme son bébé, ce qui ressemble bien à un crime de lèse-majesté.
Tout porte à croire que les temps à venir seront mauvais, ou tout au moins menaçants, pour Choguel Maïga qui devait bien s’y attendre, lui qui n’a pas su garder le silence, faisant fi de ce sage conseil attribué au Français Jean-Pierre Chevènement: «un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne»!
Par Wakat Séra