Décortiquer la crise malienne et élaborer une charte de la réconciliation nationale en adéquation avec les résolutions de l’Accord de paix d’Alger. Tels sont les deux objectifs fixés à la Conférence d’entente nationale qui devrait réunir les acteurs sociaux et politiques maliens à partir de ce lundi 27 mars 2017. Si les partis de la majorité présidentielle adhèrent massivement à l’initiative, bien d’autres acteurs politiques, et pas des moindres sont vent debout contre. Reprochant à ses organisateurs de l’avoir tenue éloignée de sa préparation, l’opposition…s’oppose à la tenue de ce raout censé recoller les morceaux du « Mali ba », le « grand Mali », pour paraphraser le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Pour ne rien arranger, des groupes armés ne veulent pas non plus entendre parler de ce cadre, tout comme divers regroupements dont l’association des expatriés maliens de France. Pourtant, l’absence de ces segments de la société malienne risque fort d’affaiblir, voir ôter toute légitimité à ce qui devrait donner un véritable coup de fouet à la réconciliation malienne en panne.
En effet, les groupes armés sont incontournables dans cette discussion qui pourrait se limiter à une simple discussion foraine dont les résultats n’engageraient que ceux qui y se seraient paradé. De même, considérée comme la plus forte et la plus influente des communautés maliennes vivant à l’étranger, celle de France qui dénonce également sa mise à l’écart dans sa conception, ne se reconnaîtra, sans doute pas, dans la paternité de ce bébé qu’accouchera la Conférence et se démarquera donc de tous les actes qu’il sera amené à poser dans sa vie future. A quoi aura donc servi la Conférence d’entente nationale sinon à renforcer les clivages entre le pouvoir et l’opposition et creuser davantage le fossé entre les groupes armés et Bamako, notamment sur la question de l’Azawad ? Ne serait-il pas plus opportun de réinstaller l’administration dans tout le Nord du pays et réussir à faire flotter le drapeau national dans cette partie géographique que semble perdre le Mali ? Quid des nombreux Maliens que la guerre chassé de chez eux et qui continuent d’errer en terre étrangère sans perspective concrète de retour à la maison ? Certes, ce sont-là, autant des questions qui pourraient et devraient être débattues au sein de la Conférence d’entente nationale. Il suffisait seulement d’y mettre la forme dans sa préparation. Et surtout, que les différentes parties fassent enfin preuve de bonne foi, et se départissent de tout dessein personnel et divisionniste, dans le seul intérêt du Mali, un et indivisible.
D’intenses tractations ont été initiées à tous les niveaux ce week-end pour amener autour de la table de l’entente les absents à l’appel. Toutefois, le défi n’est visiblement plus la tenue de cette conférence mais la légitimité de ses conclusions, qui, à l’instar de l’Accord de paix d’Alger qui lui-même a pris du plomb dans l’aile, risquent d’être mort-nés.
Par Wakat Séra