Les « Macron boys » savoureront sans doute cette visite à sa juste valeur. Dans le Sahel où ils sont au quotidien mis en joue par les djihadistes qui ont fait du nord malien, et plus particulièrement la région de Kidal, leur sanctuaire, les militaires de la force française Barkhane seront bien réconfortés par la présence de Emmanuel Macron à leurs côtés. En effet, ayant fait du volet sécuritaire une priorité pour son quinquennat entamé sur des chapeaux de roue, le dimanche 14 mai dernier, le président français a annoncé les couleurs le jour même de son intronisation. Après avoir fait une partie de la remontée des Champs Elysées dans un blindé de l’armée et observé une halte à l’endroit où un jeune policier a été assassiné le 20 avril de cette année, dans un attentat sur « la plus belle avenue du monde », le successeur de François Hollande s’est rendu dans un hôpital militaire pour y saluer des éléments blessés au combat. Dans sa lancée, il a réservé sa première visite hors de l’Europe, au Mali, auprès des militaires qui défendent l’Afrique et par ricochet les intérêts économiques de la France sur ce continent, dans une lutte sans merci contre le terrorisme. Si pour des raisons de sécurité, les détails du séjour éclair de Macron sur les bords du Djoliba sont bien tenus au secret, c’est une évidence qu’en plus de partager des moments de chaleur avec ses hommes à Gao, le chef suprême des armées françaises rencontrera son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Une chose est certaine, Emmanuel Macron n’est pas moins attendu par le citoyen lambda malien qui se pose bien des questions sur la stratégie des Français que ses hôtes d’un jour trouvent bien ambiguë. Ceux-ci reprochent une certaine mollesse, doublée de complaisance de la France à l’endroit des Djihadistes qui sont toujours installés dans ce nord du Mali où ils continuent de régner en maîtres. Du reste, comme un pied de nez à Macron, ils viennent d’assassiner à Tahglit, dans la région de Kidal, un couple par lapidation, selon la loi islamiste. Le seul péché de ces victimes de la barbarie a été de vivre en concubinage, donc hors mariage ! Pure hérésie en plein 21è siècle ! Ce crime, comme tous les autres commis par les djihadistes avec le même degré de sauvagerie, ne doivent pas rester impunis et la logique voudrait que la France, « pays des droits de l’homme », transcende ses intérêts pour un monde où la justice et l’équité seront réalité partout. Et Barkhane aura ainsi accompli sa mission bienfaitrice dans son entièreté.
Certes, le séjour malien de Emmanuel Macron a pour but de dire aux 4 000 militaires engagés dans la force Barkhane qu’ils ne sont pas orphelins dans le sable chaud du Sahel qui se rougit par moment du sang d’un des leurs pris sous les feux des djihadistes. Mais ce serait bien opportun pour le nouveau patron de l’ex puissance colonisatrice de rendre encore plus visible sa politique de rupture avec la Françafrique, en donnant quelques gages à la jeunesse africaine lors de cette première visite. La symbolique s’y prêtant, Macron pourrait bien donner un coup de pouce au processus démocratique qui continue de connaître des fortunes diverses sur le continent. Et c’est peut-être ce qui a poussé Emmanuel Macro à éviter soigneusement le Tchad de Idriss Deby Itno, qui abrite le QG de l’opération Barkhane, mais où des piliers de la démocratie comme la liberté d’expression, le respect des droits de l’homme et l’alternance semblent constituer les derniers des soucis du pouvoir.
Par Wakat Séra