Le référendum sur la révision de la Constitution du Mali, projet fortement contesté par l’opposition politique et des leaders d’opinions, initialement prévu pour le 9 juillet, a été reporté par le gouvernement à une date ultérieure. Cette décision dont les raisons n’ont pas été évoquées a été prise après l’hebdomadaire Conseil des ministres tenu au palais de Koulouba à Bamako le mercredi 21 juin 2017.
Ce report intervient cinq jours après la grande mobilisation de partis de l’opposition politique et d’Organisations de la société civile contre le projet du gouvernement que les manifestants jugent « anticonstitutionnel » et demandent son « retrait ».
Même si le gouvernement n’a apporté aucun détail sur les motivations qui ont prévalu à ce report qui vient calmer un tant soit peu l’atmosphère politique très tendue, caractérisé par des marches, souvent réprimées à Bamako, le président Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK avait fait savoir dans une déclaration la veille, le mardi, qu’il était favorable pour un report en vue d’élargir les consultations sur le sujet.
Après notamment les Organisations de la société civile, la plateforme « An tê Abanan » et le mouvement « Trop c’est trop », qui avaient rassemblé le 12 juin une centaine de personnes pour dénoncer le projet du président Ibrahim Boubacar Kéïta, c’était le tour de l’opposition de se mobiliser contre le même projet de référendum le 17 juin dans la capitale malienne.
Mercredi 21 juin, c’est le syndicat autonome de la magistrature qui, comme certains leaders de la société civile, des opposants et mêmes certaines voix du camp majoritaire dont l’ex-Premier ministre Moussa Mara qui ont émis des réserves sur le texte querellé, a demandé le « retrait pur et simple » du document gouvernemental.
Le président du syndicat des magistrats maliens, Mamadou Nanacassé, a estimé qu’’il y a «beaucoup de parties critiquables dans la mouture actuelle qui sont des armes dangereuses aux mains de l’exécutif ».
Les milliers de manifestants qui ont battu le pavé à Bamako le 17 juin, estiment que si le projet de révision de la Constitution octroie « plus de pouvoirs » au locataire de Koulouba, Ibrahim Boubacar Kéïta aura la latitude de nommer un tiers des membres du sénat.
Par contre, pour le pouvoir, ce projet vise à « garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire », de même que la création d’un « sénat » pour suppléer la Représentation nationale, toute chose qui renforcera la démocratie malienne.
Saisie le 5 juin 2017 aux fins d’inconstitutionnalité dont fait l’objet la révision du texte fondamental, la décision de la Cour constitutionnelle malienne qui donne quitus au gouvernement a été rendue après seulement 24 heures, soit le 6 juin. Pour les sages maliens, les faits soulevés ne sauraient remettre en cause la régularité du référendum.
En rappel, le projet de révision constitutionnelle qui divise la classe politique malienne a été adopté le 3 juin par l’Assemblée nationale.
Mathias BAZIE