Accueil A la une Mangez bien, mangez «Faso Attiéké», mangez le poulet «La Bicyclette»

Mangez bien, mangez «Faso Attiéké», mangez le poulet «La Bicyclette»

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Deux success stories dans le domaine de l'agroalimentaire et l'élevage au Burkina Faso

Wendlassida Florence Bassono/Kaboré et Wendpanga Aimé Kaboré, gérants, respectivement, de «Faso Attiéké» et de «La Bicyclette», des sociétés installées à Loumbila et à Ouagadougou, sont deux pionniers et surtout deux étoiles polaires dans la lutte contre la pauvreté. Des étudiants de plusieurs filières en fin de cycle ont, ainsi, été émerveillés, le jeudi 17 octobre 2024, à l’issue d’une visite terrain du parcours inspirant de ces deux «success stories» qui, grâce à des subventions du Projet d’Appui à l’Inclusion et l’accès au financement des Petites et Moyennes Entreprises (PAIF-PME), ont transformé leur rêve en réalité. Organisée par la Banque mondiale, partenaire technique et financier du PAIF-PME, cette immersion au niveau des deux structures évoluant précisément dans les domaines de l’agro-alimentaire et l’élevage, s’inscrit dans le cadre de la commémoration de «Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté», célébrée chaque 17 octobre dans le monde.

Le 17 octobre de chaque année, est célébrée, à travers le monde, la «Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté». Cette journée a été retenue par les Nations Unies, pour promouvoir la prise de conscience sur la nécessité d’éradiquer la pauvreté et la misère dans tous les pays. Dans cette dynamique, la Banque mondiale a convié une quarantaine d’étudiants de plusieurs filières en fin de cycle dans des établissements universitaires de la capitale burkinabè, pour être témoins des prouesses de deux «success stories» qui ont bénéficié d’une subvention du Projet d’Appui à l’Inclusion et l’accès au financement des Petites et Moyennes Entreprises (PAIF-PME). C’est un projet que l’institution appuie techniquement et financièrement. Dans la même veine visite vise à stimuler davantage la fibre entrepreneuriale des étudiants, une des priorités de la Banque mondiale.

Lionel Yaro de la Banque mondiale expliquant aux étudiants l’objectif de la visite sur le site de Faso Attiéké

Bienvenue à Loumbila

Sur le site de la société «Faso Attiéké», installée à Loumbila, à la sortie Nord de Ouagadougou, un terrain d’un hectare et demi. Les étudiants sont simplement enthousiasmés par ce qu’ils voient. Ils ont droit à une visite guidée, conduite par Wendlassida Florence Bassono/Kaboré, la patronne des lieux. Mme Bassono est bénéficiaire de la première Compétition de Plan d’Affaires, lancée par le PAIF-PME, en vue de soutenir les idées innovantes en matière d’entrepreneuriat. Selon ses propos, la subvention de la Banque mondiale l’a aidée à accroitre davantage son activité, chose qui lui a permis de recruter de nombreuses personnes, dont 73 emplois permanents, selon la promotrice de l’entreprise.

La subvention du PAIF-PME «a véritablement lancé» Faso Attiéké

Avec son projet intitulé «La gestion efficiente des déchets de Faso Attiéké pour la symbiose industrielle à travers la mise en place d’un biodigesteur», Mme Bassono a obtenu, en 2022, une subvention de la PAIF-PME, d’un montant de 37 millions de francs CFA. L’occasion était donc propice pour elle de remercier le PAIF-PME et la Banque mondiale, car c’est avec la subvention qu’elle «a véritablement lancé» son business. «On dégage beaucoup de déchets et une grande partie des résidus du manioc était vraiment une grosse perte alors qu’on pouvait les retransformer pour en faire de la pâtisserie ou du tô de manioc», a dit Wendlassida Florence Bassono/Kaboré, avant de préciser que l’argent de la subvention a permis de résoudre cette situation.

Mme Wendlassida Florence Bassono-Kaboré, gérante de l’entreprise «Faso Attiéké»

Dame Bassono a affirmé que le soutien du Projet a permis à sa structure de réaliser une porcherie dont les porcs consomment actuellement les déchets de leur production. Cette idée a été une réussite, car d’un box, sa société en est actuellement à quatre, tous remplis de porcs qu’elle a même commencé à vendre. Par la suite, Mme Bassono a développé la pisciculture. Ce qui permet également à sa société d’utiliser l’eau pour un autre volet, à savoir l’agriculture qu’elle fait sur le site et qui concerne des cultures diverses. Et elle est heureuse que cette initiative a comblé certains besoins importants dont l’alimentation des travailleurs. Le soutien du PAIF-PME a permis aussi à Mme Bassono de réaliser un forage ouvert à la population qui était confrontée à un souci d’accès à l’eau. Grâce à la manne de PAIF-PME, son entreprise a pu mettre en place un biodigesteur et construire une cuisine, de même qu’un jardin nutritif bio. Et toutes ces initiatives ont ouvert la voie à la certification de Faso Attiéké, opportunité immense pour l’entreprise de vendre, désormais, ses produits à l’international.

Des porcs dans des box à Faso Attiéké

«Faso Attiéké» s’est fixée deux grands challenges, à savoir la production et la commercialisation de l’attiéké pour permettre à la population de manger sain et la création de sources de revenus durables pour les femmes. Secrétaire de direction de formation à la base, la responsable de «Faso Attiéké» se rappelle avoir découvert la fibre entrepreneuriale en elle et a donc pris son courage à deux mains pour se lancer dans les affaires, sa propre voie. Son idée de vendre de l’attiéké est née d’un constat et elle a commencé à s’organiser en 2008 pour mettre son business en place.

Avec son entreprise, Wendlassida Florence Bassono/Kaboré est heureuse et fière de pouvoir accompagner les producteurs de manioc qui sont ses principaux fournisseurs. «Cinq groupements ont eu des tracteurs grâce à Faso Attiéké qui a aussi mobilisé des partenaires pour les accompagner. De 50 kilogrammes qu’elle n’arrivait même pas à écouler, actuellement, par jour, elle vend entre trois à quatre tonnes», a-t-elle affirmé, réitérant sa  reconnaissance au Projet gouvernemental et son partenaire, la Banque mondiale. Mais, les défis ne manquent pas, dont les plus grands demeurent l’approvisionnement en matière première. Alors, consciente de cela, Faso Attiéké organise des producteurs même au-delà des frontières du Burkina pour combler le gap et agrandir même sa production.

Des femmes employées de Faso Attiéké dans un champ d’arachides sur le site

Coup de pédale accélérés vers «La Bicyclette» 

Wendpanga Aimé Kaboré est le patron de la société «La Bicyclette», une entreprise burkinabè spécialisée dans la production et la commercialisation du poulet «bicyclette». Ingénieur agronome de formation, il est poussé par une grande audace et animé d’une passion forte pour accomplir tout ce qu’il entreprend. «Nous avons soumis un projet de développement d’un centre d’abattage moderne afin de proposer du poulet frais sain», se souvient le responsable de «La Bicyclette». Le projet a retenu l’attention du PAIF-PME. Aimé Kaboré a, alors, bénéficié de 34 millions de francs CFA, comme subvention du Projet gouvernemental qui, en principe, prendra fin l’année prochaine. Dans le centre d’abattage moderne qu’il a installé à Ouagadougou, plusieurs volets meublent l’environnement de l’entreprise, allant d’une ligne d’abattage semi-industriel en acier inoxydable, à une chaîne de froid complète, le tout sous l’expertise d’une équipe professionnelle au four et au moulin.

Sur le site de «La Bicyclette», le matériel utilisé est de qualité, et qui va de la saignée jusqu’à la chaîne de froid. Une table de saignée, une échaudeuse, un bac de lavage, des tables d’éviscérations, un condensateur produisant de la glace, des emballées sous vide, etc. sont toujours en mouvement «Les poulets de «La Bicyclette» sont transformés dans les meilleures conditions d’hygiène et de biosécurité. On vend les poulets sprinter et les poulets leaders. Nos partenaires idéaux sont les professionnels de la restauration, dont les grands hôtels du pays. L’idée derrière la marque (La Bicyclette), c’est de pouvoir créer des produits d’excellence, de qualité. Pour cela, nous travaillons à mettre en réseau un ensemble de petits éleveurs», dans la région du Centre du Burkina Faso, notamment, a affirmé le promoteur de «La Bicyclette» qui célébrait, le 17 octobre, un an d’existence de son entreprise.

Des étudiants posant des questions

Pour Wendpanga Aimé Kaboré, l’apport financier du PAIF-PME lui a été d’une grande aide pour la construction et l’équipement de son centre. Ce qui lui a permis, selon ses propos, de se positionner dans son secteur, comme le partenaire idéal, surtout pour les professionnels de la restauration. Aujourd’hui, il dit avoir plus d’une cinquantaine d’éleveurs sous contrat, qui n’élèvent que du poulet made in Burkina Faso. Mais, en perspective, il compte permettre à 200 éleveurs d’augmenter leurs revenus de 30%, d’ici à 2026. «Quand on a démarré, on vendait à peine 700 poulets par mois, aujourd’hui, on fait autour de 4 300 poulets par mois et l’idée, c’est que d’ici les six prochains mois, on atteigne 7 000 et d’ici fin 2025, être à 10 000 poulets par mois. Aujourd’hui, «La Bicyclette» ne propose que du poulet frais», a fait savoir M. Kaboré, patron d’une société qui emploie 20 permanents. Il a ajouté qu’à long terme, «La Bicyclette», compte construire une ferme de reproduction afin de pouvoir contrôler aussi la production des œufs à couver, et donc, des poussins.

Une vue du poulet reconditionné à «La Bicyclette»

«Nous avons ici, vraiment un exemple de réussite d’un bénéficiaire du projet»

Les représentants de la Banque mondiale et du PAIF-PME se disent satisfaits de l’évolution de «Faso Attiéké» et de «La Bicyclette». Pour Mamane Sani, du Développement du Secteur privé à la Banque mondiale, l’un des membres de l’équipe de la Banque mondiale qui travaille sur le PAIF-PME, cette sortie est édifiante en matière de lutte contre l’élimination de la pauvreté. «Nous sommes très contents de ce que nous avons vu ce jour. Cela réconforte la Banque mondiale dans son choix de soutenir le gouvernement du Burkina Faso dans le cadre de ce projet. Nous avons ici, vraiment un exemple de réussite de deux bénéficiaires du projet. Sachant qu’ils sont partis d’un point A avant qu’ils ne soient appuyés par le projet pour aboutir au point B qui est aujourd’hui visible, vraiment pour nous, c’est un motif de satisfaction parce que l’appui du PAIF-PME leur a permis de monter en gamme», a poursuivi M. Sani.

«C’est la preuve que l’appui dont ils ont bénéficié leur a permis véritablement de grandir en tant qu’auto entrepreneurs», a insisté Mamane Sani qui a ajouté que si la Banque mondiale a ciblé les étudiants pour cette visite dans les deux entreprises, ce n’est pas par hasard. «Nous avons fait le choix d’aller vers des écoles qui forment des potentiels entrepreneurs. Nous voulons qu’ils voient l’auto-entrepreneuriat qui s’offre à eux», a-t-il affirmé. Il faut ajouter, dans ce sens, et à l’endroit des jeunes, que pour la Banque mondiale qui met, désormais, en priorité,  l’auto-emploi et la création d’entreprise, il faut surtout miser sur des projets très innovants. 

Haycinthe Kaboré, spécialiste en renforcement de capacités pour le compte du PAIF-PME

Pour Hyacinthe Kaboré, spécialiste en renforcement de capacités pour le compte du PAIF-PME, ces deux visites sont, «aujourd’hui, une joie et fierté» pour le Projet gouvernemental. Il a indiqué que ces promoteurs ont suivi tout un processus pour être au niveau où ils sont. «Vous l’avez vu, leurs projets sont innovants», car ils mettent à la disposition des consommateurs, «des produits finis de qualité», a-t-il soutenu.

Le PAIF-PME est «très satisfait des réalisations parce que quand on dit subvention, souvent ce n’est pas évident. D’autres n’arrivent pas à mettre en œuvre leurs projets. Ici, c’est du concret, vous avez vu de vous-mêmes, leurs activités sont en marche et ils commercialisent déjà leurs produits. Ils font du chiffre d’affaire, ils ont recruté des gens. C’est ce que nous voulons», s’est réjoui Hyacinthe Kaboré. Il a souligné qu’au-delà de l’appui financier accordé aux deux sociétés, le Projet les a accompagnées techniquement grâce à des formations.

Photo de famille au départ au siège de la Banque mondiale à Ouagadougou

Les étudiants ont reçu beaucoup de conseils…

Les deux entrepreneurs, face aux multiples sollicitations des étudiants qui semblent vouloir suivre leur trace, leur ont prodigués des conseils qui se recoupent presque tous. Pour eux, les clés de la réussite en entrepreneuriat résident dans l’originalité du projet, le sens de l’écoute des promoteurs, l’amour du travail bien fait, la passion de ce qu’on entreprend, la persévérance, etc. Les étudiants et tous les jeunes qui veulent se lancer dans les affaires doivent considérer d’abord cela comme une mission, un sacerdoce, un challenge. «Osez, apprenez, échouez et surtout persévérez N’hésitez pas à postuler pour les concours et entourez-vous de bons conseillers», ont dit les entrepreneurs à l’honneur, à leurs visiteurs du jour.

Par Wakat Séra