Les élèves des lycées et collèges du Burkina, ont entamé ces trois derniers mois, de nouvelles formes de manifestations qui se caractérisent par l’anarchie, la violence et le non-respect des symboles représentant l’Etat, notamment les couleurs nationales. C’est la preuve que le système éducatif burkinabè mérite une thérapie de choc, et l’opportunité est toute trouvée de rappeler quelques faits et interpeller une fois de plus les gouvernants face à la gravité de la situation.
Le 5 décembre 2017, des élèves des établissements primaire et secondaire de la ville de Titao dans le Nord du Burkina, ont organisé une marche, pour exiger des évaluations pour le compte du premier trimestre de l’année scolaire 2017-2018. Une foule de scolaires a pris d’assaut les artères de la cité du Phacochère qu’ils ont arpentés pour se rendre au Haut-commissariat de la province du Loroum pour y déposer des cahiers vides. Un acte pour signifier leur mécontentement face à la paralysie du système éducatif.
Dans la matinée du même 5 décembre, à Tita, Centre-ouest, des élèves ont bloqué la Route nationale 1 (RN1) pour soutenir la revendication de la Coalition nationale des syndicats de l’Education (CNSE) et dénoncer le manque de professeurs. Cette barricade a provoqué un arrêt du trafic routier pendant plusieurs heures. Des forces de défense et de sécurité après plusieurs heures de négociations infructueuses, ont fini par dégager la voie en bastonnant certains manifestants récalcitrants.
En mi-décembre, des élèves très remontés ont organisé une marche de protestation en direction de la préfecture de Saponé pour exiger des autorités, la réinstallation du Conseil municipal de la localité située au Centre-sud à environ une trentaine de kilomètres de Ouagadougou. Le Conseil municipal a été dissout le 13 décembre par le gouvernement à sa rencontre hebdomadaire après avoir relevé plusieurs crises. Les élèves manifestants avaient signifié qu’ils décrètent une désobéissance civile jusqu’à la réinstallation de l’équipe de la mairie déchue.
Le 15 janvier 2018, à Boussé dans le Plateau-central, des scolaires, observant une grève de 72 heures ont barricadé la route nationale 2 (RN 2), empêchant toute circulation. Cette manifestation, selon plusieurs témoignages de passagers qui se sont vu bloqués des heures durant, s’est terminée par une course-poursuite entre les manifestants et des éléments d’un détachement militaire qui se rendait au Nord dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, à en croire le porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou. Conséquence, un élève de la classe de 3è, Soumaïla Kafando, a été blessé par balle à la jambe.
Le même jour (15 janvier), des élèves répondant à l’appel à manifester de l’Association des scolaires de Koudougou (ASK), ne se sont pas gênés de mettre en berne le drapeau national au gouvernorat de la cité du Cavalier rouge (surnom de la ville de Koudougou) avant d’occuper les locaux de la plus haute circonscription administrative de la région du Centre-ouest, pendant au moins une heure, ont rapporté des témoins à Wakat Séra. Ces manifestants ont même franchi le Rubicon en exigeant à madame le gouverneur, Irène Coulibaly, de passer entre une haie de manifestants afin de les rejoindre pour la montée des couleurs, selon les mêmes témoins.
Le mardi 23 janvier 2018, selon nos confrères du journal « Le pays », des élèves du Lycée départemental de Pouytenga (LDP), une localité située au Centre-est du Burkina, ont séquestré leur proviseur, pour réclamer des professeurs de Physique et de Chimie communément appelés « Profs de PC » pour les classes de 2nde, 1re et Tle. Massés devant l’administration de l’établissement les manifestants ont enfermé leur proviseur dans son bureau, trois heures durant, pour faire passer leur message au plus haut niveau.
Le 24 janvier 2018, à Ziniaré, ville natale de l’ex-président Blaise Compaoré, située dans le centre du Burkina, des élèves très remontés, protestant pour soutenir la Coordination nationale des Syndicats des enseignants (CNSE) qui réclame une valorisation de leur corps de métier, et dénoncer le manque d’évaluations, ont déposé des feuilles vierges au gouvernorat, a-t-on appris.
Dans la matinée de ce 25 janvier 2018, des dizaines d’élèves qui manifestaient pour soutenir la lutte de la CNSE, ont tenté de passer en force la barrière de la Compagnie républicaine de sécurité de la police (CRS) pour rencontrer le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, pour lui signifier, disent-ils, leur colère quant à leur longue attente sur la résolution de la crise au sein du système éducatif qui fait planer une année blanche au Burkina. Cette manifestation a provoqué, dans la matinée de jeudi, le blocage de l’avenue de l’Indépendance, un des artères principaux du centre administratif de la capitale burkinabè.
Par Mathias BAZIE