Au cours d’une déclaration solennelle faite le mardi 4 septembre 2018, à son siège, le Chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, a annoncé une marche-meeting le samedi 29 septembre prochain à la place de la Révolution pour protester contre ‘’la mal gouvernance’’ du pouvoir en place. A la suite de cette déclaration, une équipe de Wakat Sera a été déployée dans la ville de Ouagadougou en quête de l’avis de la population sur ladite marche. D’ores et déjà notons que les avis sont partagés. Si certains trouvent que cette marche vient à point nommé, d’autres par contre pensent qu’elle n’a pas sa raison d’être.
Éliane Yanogo, pâtissière : « Tout ça n’est que de la politique pure et dure »
« Je crois que les partis composant l’opposition veulent marcher pour dire que les années passées avec Roch au pouvoir n’ont pas été du goût des Burkinabè. Mais tout ça n’est que de la politique pure et dure. C’est leur rôle de ramener le pouvoir sur le droit chemin mais l’heure n’est pas à se jeter les failles au visage mais envisager des solutions pour s’en sortir. Ce qui est positif dans cette marche c’est qu’elle montrera au gouvernement que la population n’est plus dans les bilans en fin de mandat comme auparavant ».
Pierre Konkobo, étudiant en 6e année de médecine à l’Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo : « Ce n’est pas parce qu’il est au pouvoir qu’il peut croire que tout est permis »
Je trouve qu’elle est la bienvenue parce qu’il y a beaucoup de problèmes dans le pays. Roch est presqu’à la fin de son mandat alors qu’il avait promis des choses qui n’ont pas encore été réalisées. Quand on prend le cas de la santé, domaine dans lequel je suis, c’est déplorable. On ne s’en rend compte que lorsqu’on va à l’hôpital avec un malade. En plus de cela nous avons les multiples attaques terroristes orientées vers l’armée. La seule chose que le chef de l’Etat et son gouvernement arrivent à faire ce sont des décorations à titre posthume et rien de concret n’est fait pour pallier cela. C’est avec la marche que Roch est venu au pouvoir. Ce n’est pas parce qu’il est au pouvoir qu’il peut croire que tout est permis. Il doit essayer de voir ceux qui sont derrière ».
Daouda Yaogo, étudiant en génie civil : « Il faut qu’il y ait ce genre de marche pour dénoncer certains maux »
« Je trouve que cette marche vient à point nommé. Quand on regarde la gouvernance, il faut qu’il ait ce genre de marche pour dénoncer certains maux de la société. Lorsqu’une personne est aux devants des choses, il ne peut pas constater certaines réalités. Je trouve que le moment a été bien choisi car ça prouve combien ils ont pris leur temps de mûrir ce projet avant de le rendre public. Le parti au pouvoir ne pourra pas aussi se plaindre vu qu’il a eu assez de temps pour se racheter et qu’il n’a pas saisi jusque-là ».
Catherine Ilboudo, étudiante en Communication d’entreprise : « Ce n’est pas parce qu’ils vont passer leur temps à protester qu’on va les voter en 2020 »
« Ce que je pense de la situation, c’est qu’il ne devrait pas passer tout leur temps à manifester. C’est vrai que l’opposition doit manifester. C’est leur plein droit. Mais ils font trop de manifestation en mon sens. Elle proteste à tout moment mais sans aucune réaction. C’est vrai que le pouvoir est passif mais si nous mettons la main à la pâte la situation changera. Ceux de l’opposition dénoncent l’inaction du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) face aux attaques terroristes, mais ils oublient que c’est aussi difficile pour le pouvoir de voir tomber les fils de la patrie et de devoir se retrouver en face à leurs familles pour présenter leurs condoléances. Ils peuvent mobiliser la population et proposer un programme. Tout le monde va s’engager. Ce n’est pas parce qu’ils vont passer leur temps à protester qu’on va les voter en 2020. Pour conquérir le palais de kosyam, ils doivent commencer par inviter la population à l’unité et à la solidarité ».
Sakma Julien Kiemtoré, agent commercial à la Société générale du Burkina: « Face à cette situation que traverse notre pays, les opposants et les non-opposants doivent se rallier »
« Face à cette situation que traverse notre pays, les opposants et les non-opposants doivent se rallier pour trouver une solution palpable. C’est très bien de marcher mais ils peuvent aller auprès du pouvoir et présenter leurs solutions. Ils peuvent prendre par exemple un problème et dire au gouvernement que faire pour y remédier ».
Issa Zougba, agent commercial à la Société générale du Burkina : « On ne peut pas laisser le Burkina entre les mains des autorités »
« On remarque qu’il y a dans le pays des attaques terroristes à répétition sanctionnées par des décès des Hommes de tenue. On se demande si cela est dû à l’incapacité du président du Faso. La marche est une bonne initiative. S’il y a des autorités qui n’arrivent pas à gérer la cause des Burkinabè, il faut que nous même nous nous levions pour le faire ».
Wambi Nikiéma, Libraire : « Cette marche-meeting est un gaspillage d’énergie »
« On est dans un Etat de droit, c’est normal qu’ils organisent leur marche. Mais en ce qui me concerne, la marche n’a pas sa raison d’être. Nous savons tous ce qui se passe dans le pays. Par conséquent, vouloir marcher pour dénoncer les maux de la société est un gaspillage d’énergie. En lieu et place de la marche je propose de faire une conférence de presse. Ils peuvent aussi proposer des solutions. L’opposition peut prendre par exemple le côté sécuritaire et dire ce qu’il y à faire pour venir à bout du terrorisme, puis le côté social et ainsi de suite. Je ne compte pas prendre part à cette marche. Aussi, même si j’étais un père de famille et que mon enfant voulait y prendre part j’aurais pu le bannir ».
Aziz Compaoré, commerçant : « Le mieux c’est de s’asseoir pour discuter »
« Ce que je propose comme solution c’est que les opposants et les partis au pouvoir s’entendent pour qu’on trouve une solution contre les attaques. Il faut que ça s’arrête. Moi je ne trouve pas que la marche est importante. Le mieux c’est de s’asseoir pour discuter ».
Par Alimatou SENI (Stagiaire)