Le Collectif Panafricain pour le Tchad regroupant une dizaine d’organisations burkinabè de la société civile a dénoncé, le lundi 7 novembre 2022, au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou, des complicités africaines et occidentales dans le massacre de populations civiles suite à aux manifestations du 20 octobre dernier réprimées par la junte au pouvoir.
Une dizaine d’organisations de la société civile au Burkina Faso réunies au sein d’un mouvement dit Collectif Panafricain pour le Tchad, ont pointé du doigt, le lundi 7 novembre 2022, des ‘‘complicités’’ africaines et occidentales dans les évènements du 20 octobre 2022 qui ont couté la vie à «des centaines d’innocents et a grièvement porté atteinte à l’intégrité physique de milliers d’autres».
Comme «complices», ils ont cité, entre autres, l’Union Africaine, des organisations sous régionales comme la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la France.
Pour ce qui concerne l’Union Africaine, le Collectif reproche à l’organisation africaine son silence face à toutes les actions qui ont abouti, selon lui, au soulèvement des populations. En l’occurrence, il a relevé des faits comme la ‘‘prolongation’’ dans la Transition que s’est octroyée le général Mahamat Idriss Déby, le dialogue national que Me Guy Hervé Kam et ses camarades ont qualifié de ‘‘monologue’’ qui «a bien reçu l’assentiment de l’Union Africaine», selon eux. «Et si après il y a une tuerie de grande échelle au Tchad au nez et à la barbe de l’Union Africaine et qu’elle ne dit rien, c’est peut-être même plus que de la complicité», ont-ils laissé entendre.
Les communicateurs n’ont pas épargné la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), lui reprochant de «n’avoir absolument rien dit pour le moment». Ils ont dénoncé une «politique internationale qui consiste à fermer les yeux quand des chefs d’État tirent à balles réelles sur les populations, quand ils tuent leurs populations et que ces organisations font semblant de ne pas voir».
Au titre des «complicités» occidentales, le Collectif Panafricain pour le Tchad cite nommément la France. «La plupart des panafricanistes ont vu ce qui s’est passé depuis les obsèques avec l’intervention pour le moins méprisant ou arrogant du président Macron adoubant, dans un contexte africain marqué par le regain des coups d’État, le fils Déby en disant qu’il ne laisserait personne mettre le Tchad dans une situation difficile comme si sans les Déby le Tchad n’aurait pas pu survivre», a déclaré le porte-parole Me Guy Hervé Kam, pour qui le soutien de la France à Deby fils, président de la Transition, n’a pas été caché.
Dans une déclaration commune, les organisations membres de ce Collectif ont dénoncé et condamné la répression des manifestations du 20 octobre dernier au Tchad par les militaires au pouvoir causant la mort d’au moins 50 personnes et en blessant des dizaines d’autres, selon les chiffres officiels. Ce Collectif qui a exprimé sa solidarité au peuple tchadien ‘‘en ces moments tristes et douloureux’’ proclame ‘‘l’indignité’’ de la junte à continuer de présider aux destinées du Tchad.
Le Collectif a aussi demandé à l’Union Africaine «de se ressaisir et très vite» en initiant une enquête indépendante sur ces évènements et en prenant des sanctions appropriées contre la junte tchadienne.
Par Siaka CISSE (Stagiaire)