Ceci est une tribune de Me Hermann Yaméogo qui soutien que « l’union sacrée est le prix de rachat pour tous … en temps de guerre ».
Il n’existe pas dans ce bas monde un gouvernant qui a pu gérer sans anicroches son pays en temps de guerre, en n’affichant que mépris pour l’union sacrée.
De la même manière le général ou le chef de guerre qui, a pu vaincre son ennemi, avec des troupes minées par l’indiscipline et les querelles intestines reste à naitre.
L’union pour vaincre des difficultés, même hors la guerre est une perception si naturelle, que l’adage qui dit: « l’union fait la force », apparaît comme une évidence pour toute espèce vivante pensante. Ce n’est pas pour rien que le Burkinabé se plait à dire : « qu’une seule main ne ramasse pas la farine. »
Il s’agit ici naturellement de l’union sécrétée par des décisions raisonnées et librement concédées. Pas question d’une union sacrée factice, conçue aux forceps par le populisme et l’arbitraire alliés.
Grâce aux : appels relayés du tam tam, du cor, et des alertes du tocsin….l’union sacrée depuis la nuit des temps est née en société, comme un élan du cœur.
Pour lutter contre les envahisseurs, les colonisateurs, et les menaces collectives elle est et reste le premier fanion de tout pays, et de toute armée.
C’est ainsi que sur instructions du général de Gaulle Jean Moulin a pu réaliser le regroupement des mouvements de résistance (d’obédiences multiples), dans le conseil national de la résistance (CNR). Jeanne d’Arc s’en était déjà réclamée avant que le président Poincaré n’en mondialise le concept.
En chine pour la quête de l’indépendance, les Maoïstes avaient aiguillonné l’union sacrée mettant en berne la pratique rigoureuse de la dictature du prolétariat.
Louis Aragon sur le thème écrira un poème célèbre: « La Rose et le Réséda ». ( Les deux fleurs, la rose rouge et le réséda blanc symbolisent par leurs couleurs deux appartenances politico-religieuses : le rouge est la couleur des socialismes, traditionnellement athées, le blanc, celle de la monarchie, et plus généralement du catholicisme qui lui est associé dans l’histoire de France.)
Face à la menace globale de la seconde guerre mondiale « Celui qui croyait au ciel et Celui qui n’y croyait pas », nous dit le poème, rangèrent au placard leurs différences pour la défense de la patrie.
L’Union sacrée est invoquée afin de sauver la mer Morte. Israéliens, Palestiniens et Jordaniens se tendent la main depuis 2018 à cet effet.
Afin de lutter contre le coronavirus Macky Sall proposera à l’opposition l’union sacrée.
Félix Tshisekedi lui, s’approprie le terme pour les besoins de sa réélection en décembre 2023.
Pourquoi nos dirigeants, nos leaders ne sont-ils pas capables de nourrir la même flamme pour ce principe?
Pourquoi préfèrent-ils les démonstrations individuelles à celles collectives quand le pays sombre corps et bien dans l’horreur ?
Pourtant l’histoire regorge de faits qui y incitent.
Après la dislocation de la colonie de Haute-Volta en 1932, une mobilisation prendra forme jusqu’à sa reconstitution en 1947. C’est vrai que les acteurs premiers en seront les souverains mossi de Ouagadougou, mais beaucoup de politiques et de simples voltaïques y travailleront sans considérations ethniques, politiques ou religieuses.
Même constat avec le départ de l’armée française.
Impensable que de nos jours nous ne puissions pas nous en prévaloir, pour nous unir contre l’ennemi terroriste et le délitement de l’Etat.
Les religieux et surtout les chefs coutumiers au regard de leur combat passé sont interpellés.
L’armée dont l’union est un bouclier pour la patrie, et qui fut l’une des premières du continent et aussi l’une des plus redoutées , doit redorer son blason avachie par des compromissions politiques.
Elle le doit en guise de rachat, surtout que nous sommes en pleine guerre.
En effet inaugurant « la période sans fin des coups d’Etat », elle doit pour avoir commis comme un parricide en 1966 à l’endroit de son créateur, en le renversant, et pour avoir depuis ponctué la vie nationale de coups d’Etat jusqu’à la déliquescence en cours de l’Etat, être désaliénée, désintoxiquée et réhabilitée. Son mea-culpa et le retour en son sein des principes de hiérarchie et de discipline s’imposent.
Pour sa vision prémonitoire, l’histoire honorera le président Jean Baptiste Ouédraogo. Il est en effet celui qui à la tête de l’Etat avait condamné cette immixtion désastreuse de l’armée dans la vie politique et préconisé son cantonnement juridique et territoriale.
En attendant, devant les cœurs en charpies d’une foultitude de nos concitoyens victimes du terrorisme et l’écroulement avancé de l’Etat, reprenons en chœur l’appel à l’union sacrée.
“L’union dans le troupeau oblige le lion à se coucher avec la faim.”
Me Hermann YAMÉOGO