Ceci est une tribune de Me Hermann Yaméogo qui appelle à la réconciliation des fils et filles du Burkina Faso.
«L’union fait la force est un proverbe non véritablement attribué c’est vrai, mais le proverbe n’est jamais en général une banale formule langagière. Il est une éthique qui germe dans toutes les communautés humaines, et ce, depuis la nuit des temps. Il tire sa force et sa pérennité de la vérité, que celle-ci soit de bon sens ou d’expérience.
Le conseil de sagesse qu’il enseigne a permis l’obtention de bons résultats dans bien de secteurs en crise et de sauver les vies de beaucoup de personnes qui s’y pliaient, à la différence de celles qui obnubilées par les recettes de l’individualisme et du sectarisme refusaient de s’y conformer.
Oui on est moins fort, moins outillé et moins talentueux tout seul qu’à plusieurs. À plus d’un, on augmente la force physique, mais aussi intellectuelle. On peut ainsi mieux trouver des solutions à nos problèmes.
L’union fait la force est une morale tant et si bien éprouvée par la vie, qu’elle est devenue de façon assumée la devise nationale de certains pays. C’est le cas d’Haïti, de la Bulgarie, de la Malaisie, de la Belgique, de la Bolivie, de l’Angola, d’Andorre, de la Géorgie et depuis la Convention de Miscouche en 1884 de l’Acadie.
D’autres, sans l’adopter textuellement dans leurs armoiries, s’y rallieront en intégrant dans leurs devises des mots qui participent des mêmes conseils.
Le mot Unité ou union figure ainsi dans nombre de devises nationales dont celles de la république du Burundi, de la Bolivie, de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne, du Laos, de l’Indonesie, de la république du Congo, de la Serbie, de l’Argentine, de la Syrie et de la république du Tchad.
C’est aussi le cas du Burkina Faso avec sa devise «Unité, Progrès, Justice». Ici aussi tout commence par l’unité. C’est elle qui permettra de connaître le progrès et la justice.
Mais c’est aussi cette unité, cette sainte alliance qui nous aidera à faire face à la guerre que nous vivons depuis 8 ans, avec plus de chance de victoire.
On ne peut pas dire que le temps et les faits nous donnent tort de revendiquer sans relâche et avec acharnement cette unité concrète, cette union sacrée depuis des années.
Le bon sens et l’expérience humaine encore une fois démontrent amplement que cette synergie est l’arme, le pouvoir idéal qui aide à relever les défis de la guerre, du progrès et du développement durable.
De la même façon un regard objectif et marqué du sceau de l’humilité, permettra de reconnaître qu’avec cette union sacrée dans l’armée, entre les communautés, les générations, les partis politiques, les associations, les coutumiers, religieux et chefs traditionnels bref dans la nation, nous serions déjà engagés avec entrain dans la reconstruction après-guerre.
Que de temps perdu, et que de pertes en conséquence de tant de vies humaines, de tant de biens matériels et autres.
En décidant de l’adoption d’une charte pour la paix, la réconciliation nationale et la cohésion sociale (sans préjuger du résultat des travaux), le président malien Assimi Goita ne contredit pas les enseignements du proverbe, ni les bénéfices de l’osmose et de la paix qui pourraient résulter de sa mise en œuvre. Bien au contraire, les objectifs de la charte sont clairement explicités: paix, réconciliation nationale et cohésion sociale qui ressortent depuis toujours de la thématique de notre combat pour les retrouvailles nationales. Nous devrions, en tout cas logiquement, en prendre de la graine.
Mais l’union sacrée ne se décrète pas, sa vérité dans l’âme suppose des motivations, des impulsions et précisément par la réconciliation nationale. Des pays en ont fait avec sagesse l’expérience avant de grandes guerres. À contrario les conséquences négatives qui nous pétrifient pour sa déconsidération, devraient d’autant plus nous inciter au rachat.
Alors activons le moteur de la réconciliation pendant qu’il est encore temps. C’est l’appel patriotique et humaniste le plus attendu du peuple.
« Il suffit d’abaisser notre prétention à dominer la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu.» ( Francis Ponge).
Me HERMANN YAMÉOGO