Depuis l’après-midi de ce mercredi 4 mars 2020, les services des médias publics burkinabè, notamment, la Télévision nationale (TNB), connaissent des perturbations. Selon nos informations, des agents observent un arrêt de travail pour protester contre une décision de leur ministère (Communication) qu’ils jugent «arbitraire et abusif».
Cette action intervient au lendemain de la décision du ministère de la Communication portant affectation des journalistes des médias publics pour «situation irrégulière». Cela obligerait d’office plus de 300 travailleurs des médias publics à être réaffectés à leur ministère d’origine que celui de la Communication.
Pour coordonner ce mouvement spontané, le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC), principale organisation syndicale des médias de l’Etat, a organisé une assemblée générale ce même jour dans la capitale pour organiser une lutte vigoureuse les jours à venir en vue de contraindre les autorités à revenir sur leur décision.
La mesure contestée viserait essentiellement des agents affectés par le département de la Fonction publique dans les médias d’Etats dont le détachement doit être régulièrement renouvelé tous les cinq ans.
Selon des explications d’un agent du public, après les cinq ans de délai renouvelable évoqué un peu plus haut, s’il n’y a pas eu de manifestation de renouvellement, «le journaliste est automatiquement reversé au ministère de la Communication qui doit l’affecter en fonction du besoin pour nécessité de service afin de ne pas le considérer comme un déserteur».
«Les affectés rejoignent leur poste et, si ces travailleurs le désirent, ils refont une demande de mise à disposition encore», poursuit la même source qui ajoute que «c’est la même chose lorsqu’un journaliste est nommé dans un autre ministère comme DCPM (Directeur de communication et de la presse ministérielle). La RTB cesse de le payer immédiatement, et la Fonction publique le reprend, les procédures peuvent durer des mois avant que le salaire ne te parvienne, ça arrive à tout journaliste nommé quelque part».
Cependant, cette source dit déplorer le mouvement qui s’est déroulé aujourd’hui. «Ce que j’ai constaté ce matin, être en grève et dérégler le faisceau du signal pour la montée de la RTB au satellite sont deux choses différentes. On ne détruit pas son outil de travail, et s’il y a entente par la suite, il faut refaire les réglages !». C’est pourquoi il appelle ses camarades à «changer (leurs) manières». Il a invité les agents outrés par la mesure gouvernementale à «dialoguer, à utiliser tous les moyens sans détruire pour régler un problème».
Dans une déclaration parvenue à Wakat Séra, le SYNATIC dénonçait des dérives autocratiques des responsables de la RTB. «Le 17 février 2020, le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC) a déposé une notification de sit-in en bonne et due forme pour les 20 et 21 février 2020 afin d’interpeller le gouvernement pour la finalisation des discussions sur le Statut dérogatoire accordé à la RTB et aux Editions Sidwaya. Mais les travailleurs ont été désagréablement surpris, le jeudi 20 février 2020, par un impressionnant dispositif de sécurité mis en place devant et à l’intérieur des médias publics (RTB et Sidwaya) en vue de les empêcher de se réunir», condamnait la note.
Par Wakat Séra