La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’était aussitôt engagée à remettre l’Etat de droit en selle au Niger, suite au putsch militaire perpétré, le 26 juillet par le général Abdourahamane Tiani contre le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum. Par la force s’il le fallait!
Et pendant que les négociateurs de l’organisation sous-régionale fondaient sur Niamey, en solo ou en petits groupes, par les airs ou par voie terrestre, le Nigérian Asiwaju Bola Ahmed Adekunle Tinubu, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO, mobilisait les forces armées de pays membres, pour agir au cas où le dialogue montrera ses limites. Les chefs d’état-major se sont réunis à Abuja au Nigeria, puis à Accra au Ghana. Une date aurait même été fixée pour l’intervention armée, tenue secrète, mais imminente en son temps, à en croire ceux qui étaient dans le secret des dieux.
Sauf que cette opération comportait énormément de risques dont le premier était la mise en danger de la vie du président nigérien, Mohamed Bazoum que les éléments de la Garde présidentielle ont séquestré, lui et sa famille, dans son palais. La deuxième épreuve dont les morceaux auraient été difficiles, voire impossible à recoller, était l’affrontement entre frères d’armes de la sous-région, les putschistes nigériens ayant reçu le soutien indéfectible des armées burkinabè et maliennes pour qui, toute attaque de la CEDEAO contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali.
Quid des victimes collatérales que seront des populations civiles, prises entre l’enclume des attaques terroristes et la machine des sanctions financières et économiques drastiques mise en branle contre ce coup de couteau planté dans le dos de la démocratie par les auteurs de ce coup d’Etat? La guerre était, et est, simplement à éviter. Certes, la CEDEAO avait reconnu à l’époque que la force était une alternative qu’il ne fallait pas occulter en marge des négociations.
C’est dans cette logique que plusieurs voix, et pas des moindres se sont élevées du côté d’autorités religieuses, politiques et même militaires, pour freiner l’ardeur belliqueuse de Bola Tinubu, qui, avec le recul, a dû se rendre compte qu’il a confondu vitesse et précipitation. Leçon: la réflexion doit s’imposer avant l’acte dans bien des cas!
Visiblement, avec la démobilisation annoncée des troupes mises en alerte, seule la voie sage des négociations accompagnera la batterie des mesures prises contre les putschistes de Niamey qui ont mis tout un pays dans des difficultés économiques criardes, pour des intérêts très personnels et égoïstes. S’il faut saluer, pour une fois, le dialogue qui a pris le dessus, avant même la l’utilisation de la force, il urge aussi de pousser la junte militaire à passer au rétablissement de l’ordre constitutionnel, dont la libération et la reconduite dans ses fonctions, de Mohamed Bazoum, le président choisi par le peuple. En tout cas, le Niger qui vient d’être récemment privé de l’appui financier américain après que la communauté internationale et plusieurs autres Etats et organisations, ont coupé le robinet de leur aide au développement, doit oeuvrer à sortir de cette mauvaise passe, non plus par l’argument de la force, mais par la force de la négociation.
La CEDEAO s’est militairement dégonflée, c’est incontestable, mais les sanctions sont toujours en œuvre et se corsent même par un arsenal de mesures en voie d’être prises par l’Union européenne, contre les auteurs et appuis de ce coup d’Etat. Et, c’est certain, ce n’est pas bon signe pour les populations prises en otage par les militiares nigériens!
Par Wakat Séra