Accueil Editorial Migrants africains: il faut sécher les larmes de crocodile!

Migrants africains: il faut sécher les larmes de crocodile!

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La Méditerranée est devenue un cimetière géant pour les migrants africains (Ph. rfi.fr)

Alors qu’un sommet réunissait à Rome, le mercredi 10 janvier, des pays européens riverains de la Méditerranée sur plusieurs questions dont celle épineuse des migrations, des pays africains eux pleuraient nombre de leurs enfants, engloutis sous les vagues insatiables de la même Méditerranée. Le Mali qui a payé le plus lourd tribut à la mer, qui a avalé 48 de ses ressortissants qui tentaient de rejoindre l’eldorado européen désormais citadelle infranchissable, entre dans une période de deux jours de deuil national. Les drapeaux seront mis en berne et une fois de plus, les dirigeants verseront des larmes de crocodiles sur les dépouilles de ces disparus qui ont fui leur pays et le continent en quête d’un mieux-être qui est devenu chimère chez eux. L’accalmie n’aura duré donc que trois petits mois! Les passeurs sans foi ni loi, ont vite repris du service, les migrants s’impatientant de fuir la misère qui constitue leur quotidien n’ayant jamais abdiqué. Plus que jamais, ils sont décidés à prendre cette route de l’exil, contre vents et marrées, c’est le cas de le dire, dans l’espoir de trouver un peu de lumière et envoyer surtout de quoi survivre aux familles laissées sur place et dont certaines se sont saignées pour payer leur voyage.

Pour bon nombre de ces migrants qui visiblement prennent des risques dépassant tout entendement humain pour leur survie, c’est un ticket vers l’enfer qu’ils prennent. Soit ils périssent dans une mer aux appétits voraces, ou au mieux, ils sont vendus par leurs semblables humains, comme l’ont été leurs ancêtres cédés comme de vulgaires objets, aux temps sombres et atroces de l’esclavage. Dans tous les cas, le voyage est sans retour pour ces candidats à l’exil qui rêvent encore de l’ailleurs où il fait bon vivre. Certes, à cause de l’incurie des dirigeants, champions de la mal gouvernance et du viol des droits de l’homme, les pays de départ des migrants n’offrent plus aucune alternative pour eux, même si parfois, rester pour se battre et arracher chaque parcelle de liberté et de vie, est souvent plus sage, surtout que l’Europe ciblée n’est plus du tout le «Là-bas» de Jean Jacques Goldman où «l’or est à portée de tes doigts». Malheureusement, «mieux vaut la mort en mer que la honte devant ma mère», ainsi que le chante l’ivoirien Ismaël Isaac, pour résumer la détermination irréversible des migrants.

Une chose est certaine, en l’état actuel des choses, et en l’absence d’une véritable volonté de leurs dirigeants pour créer chez eux les conditions de leur épanouissement ou tout au moins de leur survie, les migrants continueront d’affronter la rage meurtrière de la Méditerranée et le piège infernal des passeurs véreux, avec pour seule arme l’espoir d’un lendemain meilleur. C’est peut-être cruel de le dire ainsi, mais la fin des assauts infructueux vers la forteresse européenne n’est pas pour demain, tant que l’affrètement de charters pour aller récupérer des candidats à l’immigration sauvage en Libye restera à la mode pour les dirigeants africains, qui font ainsi semblant de lutter contre le phénomène qui a encore de beaux jours devant lui. Le président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) et tous ses homologues africains doivent donc sécher très rapidement les larmes de crocodile et mettre en place de véritables politiques pour garder leurs ressortissants chez eux.

Par Wakat Séra