Le ministre togolais en charge de l’agriculture, Noël Koutera Bataka a soutenu dans un entretien qu’il a bien voulu accorder à Wakat Séra, à l’issue du forum économique Union européenne-Togo, qu’avec toutes les rencontres qu’ils ont eues, au cours des deux jours (13 et 14 juin 2019), avec les investisseurs, «l’avenir est promoteur pour l’agriculture togolaise».
Wakat Séra: Qu’est-ce que le département de l’agriculture a pu partager avec les investisseurs comme opportunité?
Noël Koutera Bataka: Il s’est agi de partager avec les investisseurs deux instruments majeurs que le gouvernement a mis en place dans le cadre de la mise en œuvre de l’axe 2 du PND qui consacre le développement des pools de transformation agricole et manufacturier.
Quels sont ces instruments?
Nous avons partagé avec les investisseurs et jeunes entrepreneurs togolais l’instrument qui consiste à organiser les zones qui ont des potentialités hydro-agricoles en des pools qu’on appelle agropoles dans le plan stratégique de développement. Le gouvernement a identifié dix zones sur l’ensemble du territoire. Sur ces zones il va y avoir des infrastructures qui seront mises en place pour faciliter l’installation des usines pour transformer, pour ajouter de la valeur au produits agricoles qui seront cultivés.
Pouvez-vous nous donner un exemple de zone identifiée?
Il y a l’agropole de Kara (Nord) qui est aujourd’hui l’agropole pilote. La mise en place des usines dans ce qu’on appelle le parc est constitué d’une zone de 50 hectares aménagés avec des infrastructures de télécommunication, d’électricité, d’eau où la viabilisation va permettre aux industriels de pouvoir tout simplement venir installer leurs usines pour transformer des matières premières qui viendraient de 130 000 hectares qui seront aménagés autour de ce parc qu’on appelle agro parc. Et sur les 130 000 hectares les investisseurs auront l’opportunité d’avoir des barrages qui seront installés pour la culture du riz, mais aussi d’accompagner les petits producteurs à cultiver le sésame, l’anacarde, le soja et du maïs qu’ils vont racheter, transformer et mettre sur le marché au niveau national et international.
Quel est le deuxième instrument que vous avez partagé avec les investisseurs?
Le deuxième instrument, c’est le Mécanisme incitatif de financement agricole (MIFA), qui a pour objet l’organisation des acteurs autour des chaines de valeurs. Le MIFA est un instrument unique et innovant qui a été mis en place par le gouvernement pour organiser les petits producteurs à partir des débouchés que représentent les industries, les acheteurs. Et à travers l’organisation que le MIFA met en place, les petits producteurs regroupés en coopérative ont facilement accès aux intrants, aux crédits et vont produire en quantité et en qualité. Et les produits qu’ils vont livrer au investisseurs vont être transformés par ces derniers. Ces instruments constituent des opportunités majeures que le gouvernement est en train de développer et qu’il partage avec les opérateurs économiques et les jeunes entreprises.
Que peut-on retenir de cette rencontre?
On peut retenir que le secteur agricole a eu beaucoup d’écoute à ce forum. Nous avons par exemple une entreprise allemande qui a décidé d’investir dans l’achat des matières premières agricoles pour les transformer localement (au Togo). Il y a d’autres opérateurs aussi qui veulent investir dans l’installation des serres. Il y en a qui veulent installer des unités pour transformer les fruits et légumes. Ce dernier investisseur est un Togolais qui est basé au Royaume Uni avec qui nous sommes en train de travailler pour pouvoir l’amener à mobiliser des financements auprès des banques telles que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest africaine de développement (BOAD) pour installer une usine pour la transformation des fruits en boissons. Elle sera la première en Afrique.
Ce forum a également permis de mettre en exergue ce que beaucoup d’investisseurs, d’entrepreneurs togolais ne connaissaient pas. C’est le potentiel. Avec toutes les rencontres que nous avons eues, nous pouvons vous assurer que l’avenir est promoteur pour l’agriculture togolaise.
Par Daouda ZONGO (Envoyé spécial à Lomé)