Ils ont rugi comme le souhaitait tout un continent. Les Lions ont sorti les crocs, cette fois-ci non pour défendre la patrie de nos ancêtres les Gaulois comme l’ont fait les tirailleurs sénégalais, mais pour rendre à l’Afrique sa fierté et surtout lui redonner l’espoir aux Africains de continuer à vivre le mondial russe, en supporters et pas en simples spectateurs. Oui comme leurs aînés de la cuvée 2002 qui a déplumé le coq français arborant encore fièrement son étoile de champion du monde de football acquise en 1998, les Lions de la Teranga ont fait honneur à l’Afrique, en prenant les trois points de leur premier match. En terre russe, l’adversaire s’appelait Pologne et n’a pas vraiment fait le poids face à des Sénégalais déterminés. Résultats des courses: 2-1 pour le Sénégal qui prend une option sérieuse pour la suite de la compétition. Non seulement les Sénégalais ont réalisé une belle entrée dans le tournoi, mais ils ont marqué le premier but de l’Afrique dans cette coupe du monde où toutes les autres équipes africaines ont trébuché lors des premières confrontations.
Pourtant, ce mondial russe, les Sénégalais ont failli ne pas y être. Si la Fédération internationale du football association (FIFA) n’avait pas pris la décision à polémique de faire rejouer, une année après, le match de qualification entre le Sénégal et l’Afrique du sud, repris pour «manipulation», suite à un pénalty jugé imaginaire au profit des Bafana Bafana. C’est ainsi que les Etalons du Burkina Faso, qui étaient presqu’aux portes de Moscou, ont finalement perdu la première place qui est retournée au Sénégal. Si l’histoire a privé le Burkina d’une première participation historique à la fête mondiale du foot, il n’en demeure pas moins que le Sénégal prouve qu’elle a bien l’étoffe de défendre les chances de l’Afrique. Et cette victoire qui doit en appeler d’autres, les Sénégalais l’ont arrachée avec la manière, eux dont la poignée de supporters était noyée dans les drapeaux rouge et blancs des Polonais venus nombreux encourager leurs joueurs. En tout cas, les Lions du Sénégal ont, osons y croire, sonné la révolte des Africains. Les Lions, encouragés par le soutien physique, et peut-être plus, de leur chef de l’Etat, Macky Sall, vont devoir garder leur posture d’épouvantail des «grands» et aller le plus loin possible, au moins le quart de finale de leurs aînés en 2002, voire plus si affinités. Quant aux autres nations africaines présentes en Russie, elles n’ont plus que le choix de jouer leur va-tout pour faire meilleure figure lors de leurs prochaines sorties. Plus de place au football infécond qui, malgré les actions d’éclat ne mène qu’à l’élimination cruelle comme celle des Pharaons égyptiens.
Car l’Egypte a même fait pire que trébucher. Malgré le retour de son enfant prodigue, l’équipe venue des bords du Nil a simplement sombré dans la Volga, étrillée par le pays hôte. En infligeant un cinglant 3-1 aux Pharaons, déjà battus 1-0 par l’Uruguay lors de la première journée, la Russie n’a fait que prolonger le cauchemar des représentants de l’Afrique qui ont oublié, en ce qui concerne les pays du nord du continent, qu’un match dure jusqu’au coup de sifflet final. Même que pour l’Egypte qui a quelque peu fait preuve de manque de réalisme, la présence du prodigieux Mohamed Salah n’y a rien fait, les Egyptiens, bien qu’ils n’ont pas démérité, ont bu la vodka jusqu’à la lie. En espérant que la dynamique de victoire lancée par les Lions fouettera l’orgueil du Maroc, de la Tunisie et du Nigeria pour maintenir l’Afrique dans la course, cette élimination de l’Egypte sera très difficile à digérer. Car, l’Egypte, avec son jeu complet et si rigoureux d’habitude suscitait beaucoup d’espoir… La balle est maintenant dans le camp des Marocains, Nigérians, Tunisiens et surtout Sénégalais pour continuer à faire rêver à Dakar, Ouagadougou, Casablanca, Le Caire, Abuja, Tunis, Bamako, Johannesburg, etc.
Par Wakat Séra
(1) Gaïndé signifie Lion en wolof, une des langues nationales du Sénégal