Accueil Editorial Mondial Russie 2018: les Africains face à leur destin

Mondial Russie 2018: les Africains face à leur destin

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Sénégal, Nigeria, Egypte, Maroc, Tunisie. Ils seront cinq à défendre les couleurs de l’Afrique en Russie, à l’occasion de la grande fête du football mondial qui se déroulera du 14 juin au 25 juillet 2018. Les Africains joueront le même ballon rond mais certainement pas dans les mêmes conditions que les autres équipes européennes, asiatiques ou américaines. Ils défendront sans doute crânement leurs chances et feront vibrer, durant leurs différents matchs, les cœurs des millions de supporters dont le rêve de voir le continent noir aller loin, et atteindre ne serait que le carré d’as pourrait se réaliser ou simplement se briser sur des détails. Si les joueurs africains, sont étincelants avec le maillot du Paris Saint Germain, du Bayern, du Real Madrid, de Manchester United, ou du Borussia Dortmund pour ne citer que ces équipes phares, ils portent difficilement haut les couleurs nationales sur le plan mondial. La faute à qui? A tous et à personne! En premier, les dirigeants africains portent la responsabilité des petites prestations des équipes de leurs pays. La corruption, la gabegie, et le manque de vision conjugués empêchent les footballeurs de disposer de conditions adéquates de préparation sur leur sol. Infrastructures adéquates inexistantes qui contraignent les sportifs au dépaysement quand ils se retrouvent en compétitions mondiales. Primes de matchs insignifiantes et le plus souvent détournées par des dirigeants sportifs véreux qui se transforment, eux et leurs familles qui se font passer pour des supporters transis lors des déplacements du Onze national, mais sont en réalité parfois de simples touristes, et souvent de grands commerçants, le tout au frais de la princesse.

Quelles chances pour les Africains? S’ils arrivent, à transcender tous ces soucis extra-sportifs, les footballeurs africains qu’ils soient Sénégalais, Egyptiens, Marocains, Tunisiens, ou Nigérians seront confrontés au froid de la Russie dont la température sibérienne n’a rien de commun avec la chaleur sous les tropiques. Et ce ne sont pas les mauvais castings des pays d’accueil pour la préparation qui arrangeront l’acclimatation des athlètes qui quitteront, pour la plupart des mises au vert dans des environnements aux antipodes des froids mercures russes. Là encore, les choix des nombreux «sorciers blancs» qui écument l’Afrique et, bénéficiant de la complicité de membres des fédérations nationales de football, troquent très habilement leur tunique d’entraîneurs en costumes d’hommes d’affaires profitant des commissions de centre d’hébergement, d’infrastructures hôtelières et autres semblant de facilités de transport, porteront encore préjudice aux joueurs africains. On ne saurait occulter les décisions arbitrales…arbitraires, qui ne font pas toujours le bonheur des Africains, leur présence à tel ou tel stade de la compétition mondiale étant souvent jugée moins bénéfique pour les caisses de la Fifa, la puissante organisation faîtière du foot mondial. L’une dans l’autre, trop d’aléas compliquent la tâche aux joueurs africains dont le niveau de jeu en clubs, les rend, peut-être pas indispensables, mais décisifs.

Une chose est certaine, les groupes dans lesquels le tirage au sort du vendredi 1er novembre dernier les a placés, ne sont pas injouables pour les Africains. Même si l’Egypte ne sera pas à la fête, dans ses confrontations avec l’Uruguay de deux flèches comme Luis Suarez et Edinson Cavani, la Russie, pays organisateur qui sera portée par toute une nation, en habituée des grandes joutes, les coéquipiers de Mohamed Salah qui fait les beaux jours de Liverpool, sauront tenir la dragée haute à ses adversaires et saura sans doute jouer à armes égales avec l’Arabie Saoudite qui cherchera à jouer les trouble-fêtes. De même, le Maroc est loin d’être battu d’avance dans un groupe B, très de haut niveau où avec l’Iran, il fait figure de petits poucets, aux côtés du Portugal de l’intraitable Cristiano Ronaldo et de l’Espagne des Morata et autres Ramos. Le Nigeria de Obi Mikel, lui aura fort à faire contre l’Argentine du surdoué Lionel Messi mais conserve toutes ses chances face à l’Islande, et la Croatie. La Tunisie face à l’Angleterre, la Belgique et le Panama n’est pas non plus très avantagée par le tirage au sort, mais à ce niveau du foot, il ne faut pas s’attendre à moins que ça. Toutes les équipes se valent et le Sénégal, avec un Sadio Mané des grands jours, pourrait bien donner du fil à retordre à la Colombie, la Pologne et le Japon. De toute façon, le football est certes devenu un grand enjeu financier et politique, mais il demeure un jeu, même si ce n’est plus le meilleur qui le gagne toujours!

Par Wakat Séra