Bernard Abou Koffi Binlin Dadié a cassé la plume le samedi 9 mars 2019. Romancier, poète, homme de théâtre, entre autres, le père de Climbié, un classique de la littérature africaine fut également une figure politique de son pays, mais aussi du continent noir, à travers une résistance acharnée contre la colonisation. A 103 ans, l’écrivain qui a fait l’honneur des lettres ivoiriennes et surtout la réputation des intellectuels africains qui ont contribué à l’éveil de la conscience noire tout en se démarquant des chemins tout tracés et par trop rectilignes de la Négritude. Si en Afrique, il est dit qu’un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle, avec le décès de Bernard Bilin Dadié, ce sont deux bibliothèques qui partent en fumée, car l’homme était, avec ses multiples casquettes, une véritable caverne d’Ali Baba pour les nouvelles générations en quête de repère. En effet, la riche œuvre de l’illustre disparu a touché à toutes les cordes littéraires. Qui plus est, Bernard Dadié, dans le même registre d’homme incontournable de son époque est un politique, ancien ministre, qui, du reste, n’a pas été tendre avec le régime de Alassane Ouattara, qu’il n’a eu de cesse de vouer aux gémonies. Il a même longtemps réclamé la libération de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo lorsque ce dernier était incarcéré à La Haye, où la Cour pénale internationale (CPI) le maintenait dans ses geôles. Bernard Dadié, laisse donc orphelins, tous ces Africains dont la jeunesse a été bercée par l’immense œuvre de l’homme. Ne dit-on pas en Afrique que les morts ne sont pas morts? Adieu l’artiste!
Par Wakat Séra