Ceci est une note de l’équipe de Reporters sans frontières sur les attaques que mènent la police et des manifestants contre des journalistes qui couvraient les manifestations au Etats-Unis à la suite de la mort d’un homme noir non armé, George Floyd, lors de son arrestation le 25 mai 2020.
Après l’arrestation en direct d’une équipe de CNN qui couvrait les manifestations à Minneapolis le 29 mai, les attaques contre les médias ont continué de croître dans les quelque 30 villes où se poursuivaient les troubles le 31 mai. Les manifestants protestent contre la mort provoquée par des officiers de police de Minneapolis d’un homme noir non armé, George Floyd, lors de son arrestation le 25 mai.
Jusqu’à présent, au moins 68 incidents relatifs à des attaques de la part de la police et de manifestants contre des journalistes couvrant les manifestations ont été signalés. Les professionnels de l’information ont été la cible de balles en caoutchouc et de jets de gaz poivré, ils ont été exposés à des tirs de gaz lacrymogènes, ont reçu des coups, des menaces et des intimidations, et ont vu leurs véhicules vandalisés alors qu’ils ne faisaient que leur travail.
La diabolisation des médias qu’a entretenue Donald Trump pendant des années porte aujourd’hui ses fruits : ce sont à la fois la police et les manifestants qui s’en prennent à des journalistes clairement identifiés, la première par des arrestations, les seconds par des attaques. La relation de cause à effet entre cette diabolisation et ces violences est depuis longtemps évidente. RSF avait alerté sur les conséquences de cette flagrante hostilité envers les médias, et nous assistons aujourd’hui à un déchaînement de violence sans précédent contre les journalistes aux Etats-Unis.
Citons, parmi les attaques les plus graves :
À Minneapolis, la journaliste indépendante Linda Tirado a définitivement perdu l’usage d’un œil après avoir reçu ce qu’elle pense être une balle en caoutchouc tirée par des officiers de police alors qu’elle photographiait les manifestations.
À Pittsburgh, Ian Smith, photojournaliste pour KDKA TV, a posté sur Twitter qu’il avait été “attaqué par des manifestants dans le centre-ville près de la salle Arena. Ils m’ont piétiné et roué de coups. Je suis couvert de contusions et en sang, mais vivant. Mon appareil photo a été détruit. Un autre groupe de manifestants m’a tiré de là et sauvé la vie”.
À Phoenix, la journaliste de CBS Briana Whitney a été agressée en direct alors qu’un manifestant tentait de lui arracher son micro.
À Washington, le journaliste de Fox News Leland Vittert et son équipe ont reçu des coups de poings et des projectiles, avant d’être pourchassés par des manifestants rassemblés devant la Maison Blanche.
RSF appelle les autorités américaines à honorer les principes fondateurs du pays concernant le respect de la liberté de la presse et à prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité des journalistes couvrant les manifestations en cours, dont un moratoire sur les arrestations de professionnels des médias et des instructions immédiates à la police établissant clairement que les journalistes ne doivent pas être la cible de tirs ou de mesures de contrôle pour contenir la foule, et qu’ils doivent être protégés contre des agressions de la part des manifestants.
L’Équipe de Reporters sans frontières