Que s’est-il passé? Question pour l’instant sans réponse, mais qui turlupine les proches, amis, et sympathisants, toujours groggys depuis l’annonce officielle, ce 10 mars, de la disparition tragique, à Fribourg en Allemagne, de Hamed Bakayoko. C’est quoi un cancer foudroyant, se demandent encore ceux qui refusent d’accepter cette cause avancée par l’autorité, pour justifier la mort de celui qu’ils appellent affectueusement HamBak. La pilule est amère et ne passe, visiblement, pas dans la commune d’Abobo, où les Abobolais se demandent comment leur fringant, travailleur et humain maire peut les abandonner aussi brusquement, sans crier gare! Que dire des populations de Séguéla, inconsolables, elles qui viennent d’accorder, une fois de plus, leur confiance à l’enfant du terroir, qu’ils ont élu député, rien que le 6 mars, lors des dernières législatives ivoiriennes? Il aurait dû fêter cette brillante élection à l’assemblée nationale, en même temps que son anniversaire. Car, le 8 mars, le «fils» et «proche collaborateur» de Alassane Dramane Ouattara, a eu 56 ans. Et deux jours après, il s’éteignait, à des milliers de kilomètres de la Côte d’Ivoire, où tous attendaient que le miracle se produise, afin que le «Golden boy», revienne à la maison.
Le sort en décidé autrement, arrachant à l’affection des siens, l’ancien chef du gouvernement et ministre de la Défense, ivoirien. En l’intervalle de 8 mois, c’est le second Premier ministre de Alassane Dramane Ouattara, qui le quitte pour toujours, en plein 3è mandat présidentiel, anticonstitutionnel. La Côte d’Ivoire pleure donc, l’un de ses enfants les plus populaires, et sans doute, le plus rassembleur de l’heure. En témoignent les hommages qui lui sont rendus post mortem, à profusion, par tous les bords politiques, tous les milieux socio-culturels et le monde entier. Il parlait avec tout le monde, le journaliste et fondateur du quotidien ivoirien «Le Patriote»! Il comptait des amis, musiciens, footballeurs, politiques, syndicalistes, etc. Du reste, le «papa» de la jeunesse ivoirienne, portait tous les espoirs de la réconciliation d’une société ivoirienne qui a perdu, par pans entiers, sa cohésion, qui a fait place à la division, la haine et la xénophobie. Le self-made man, à qui la jeunesse voue une admiration sans borne, n’aura pas l’opportunité de poursuivre son œuvre de recollage des morceaux de l’unité nationale. Il est parti, comme son prédécesseur, Amadou Gon Coulibaly, décédé le 8 juillet 2020.
Que se passe-t-il à ce poste de Premier ministre? Il «fait peur», comme le souligne un internaute qui demande à ADO de le supprimer. Ironiques, certains assimilent ce fauteuil à un épouvantail. En Côte d’Ivoire, à en croire les réseaux sociaux, pour effrayer un enfant têtu, les parents disent: «Tu seras le Premier ministre de Alassane». C’est dire combien, le poste, pourtant si prestigieux, est devenu comme un poison dont se méfient tous ce qui sont en mesure de l’occuper. Homme de consensus, HamBak dont le corps est attendu, probablement ce samedi, sur les bords de la lagune Ebrié, l’aura été jusqu’au bout. En effet, sa mort a comme étalé sur la période postélectorale, d’habitude houleuse en Côte d’Ivoire, un onguent apaisant, provoquant une paix des braves salutaire. A moins que ce soit plutôt le calme avant la tempête. Car, la thèse du «cancer foudroyant» qui a terrassé le géant HamBak, est mise en doute par une bonne partie des Ivoiriens qui évoquent une autre cause de cette mort.
Après le deuil national de 8 jours, qui court de ce vendredi 12 au vendredi 19 mars, jour prévu pour l’inhumation, à Séguéla, il faudra, forcément, faire face à la réalité et convaincre les uns et les autres que, le pacifiste qui ratisse dans tous les camps, même les plus hostiles, est vraiment mort de «cancer foudroyant». Et l’hommage le plus grand à lui rendre serait de continuer son œuvre de réconciliation. Mais il faudra tout de même trouver le garrot pour arrêter cette étrange hémorragie, cette série noire de morts inopinées, pour ramener la sérénité dans la maison, même si la guerre de positionnement est déclenchée pour l’après Ouattara qui pourrait survenir à tout moment.
Par Wakat Séra