Les jeux sont-ils faits pour Zuma? Si c’est difficile de répondre à la question, il n’est point besoin de lire dans une boule de cristal pour savoir que le président sud-africain joue son avenir politique ce mardi. Ce sera sans doute le jour le plus long pour Jacob Zuma. Sera-t-il victime de cette motion de défiance à laquelle il a échappé jusque-là? En se ralliant à la proposition de l’opposition que cette procédure se fasse à bulletin secret, chose inédite dans la vie parlementaire sud-africaine, la présidente de l’assemblée nationale pourrait bien conduire Zuma à l’abattoir. Lâché de toutes parts par les siens, de quelle marge disposera encore le sulfureux Zuma pour sortir de ce piège savamment monté par une opposition si hostile à lui qu’elle savoure déjà sa victoire? Julius Malema, le poil à gratter de Zuma lui est très confiant, saluant la décision de celle qu’il qualifie déjà de «future présidente par intérim», la chef du parlement étant le dauphin constitutionnel de Jacob Zuma. Ce sera donc à elle d’assurer la transition vers une nouvelle présidence de la nation arc-en-ciel. Si cette motion de défiance à bulletin secret abouti, les détracteurs de Jacob Zuma qui comptent sur la défection d’au moins 50 élus des 249 de l’ANC qui siègent au parlement sud-africain pour faire tomber leur ennemi juré, auront réussi un pari difficile et de longue haleine. Car, même abandonné de tous, syndicats influents comme société civile et même des personnalités de son parti, Jacob Zuma a toujours résisté à toute velléité de déstabilisation et rien ne prouve que cette fois-ci sera la bonne.
Une chose est certaine, le chef Zulu est sur la pente raide, et si le vote de ce mardi ne sonne pas sa chute, il n’obtiendra qu’un petit sursis. Corruption, clientélisme, et bien d’autres légèretés dans la gestion du pouvoir d’Etat ont fini par dénuder le roi qui est acculé de toutes parts, par les étudiants, les opposants politiques classiques, tout comme ceux sortis des propres rangs de l’ANC. Même la grande Cosatu, puissant syndicat sud-africain avait fini par s’en éloigner, allant jusqu’à réclamer sa démission. Zuma pèse désormais très peu au sein de l’ANC, étant indexé comme celui-ci qui est en train de vendanger l’aura du mythique parti du non moins immense Nelson Mandela, symbole de la résistance noire en Afrique du sud et père de la nation arc-en-ciel. L’héritage semble trop lourd à porter par Jacob Zuma dont l’emprise politique s’est vite effritée, pendant que les radicaux de l’EFF et les libéraux de Democratic Alliance (DA), parti du centre droit, eux, confortent leur influence sur la vie socio-politique sud-africaine. Une fois de plus, Jacob Zuma a fait la preuve de son impopularité qui n’a d’égale que l’ampleur des impairs qu’il a accumulés.
Toutefois, comme le dit si bien l’adage, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Grand manipulateur devant l’Eternel et adepte jusqu’aux ongles du «diviser pour régner», Zuma s’est toujours tiré d’affaire. Du reste, il peut encore continuer à bénéficier de la grande unité de l’ANC, qui demeure malgré les quelques fissures qu’elle porte.
Par Wakat Séra