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Moustiques OGM: Des OSC dénoncent une «complicité» du gouvernement burkinabè

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Les responsables de la COPAGEN et du CCAE

La Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain Burkina Faso (COPAGEN) et le Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) ont animé ce vendredi 12 octobre 2018 à Ouagadougou, une conférence de presse pour une fois de plus interpeller les autorités sur l’histoire des moustiques génétiquement modifiés en projet d’expérimentation au pays des « Hommes intègres ». Pour les responsables de ces deux structures, « il est hors de question de laisser des chercheurs continuer à mener, en dehors de leurs laboratoires, des expérimentations hasardeuses, hors de tout contrôle, aux conséquences improbables pour l’homme, les animaux et l’environnement ».

Dans les tous prochains jours, la COPAGEN et le CCAE « poursuivront la mobilisation en rencontrant les autorités coutumières, religieuses, les communautés de base et les élus locaux pour s’opposer dans la limite des moyens légaux, à l’autorisation de l’Agence nationale de Biosécurité (ANB) qui veut lâcher des moustiques génétiquement modifiés pour un test », a déclaré Ali Tapsoba, point focal de la coalition, estimant que le gouvernement est «complice» du projet Target Malaria décriée par les populations burkinabè.

« Les moustiques ne choisissent pas  qui piquer. Il est donc un devoir pour tous de nous opposer à toute tentative de sabordage de notre capital le plus précieux : la santé. S’il est une chose de sûre, c’est que la COPAGEN et le CCAE vont se battre, conformément aux moyens républicains, pour empêcher toute pratique de culture génétiquement modifié de notre pays », a poursuivi M. Tapsoba qui veut à travers cette sortie médiatique envoyer « une alerte aux autorités et aux promoteurs de cette recherche qui, jusque-là, font la sourde oreille ».

Pour lutter contre le paludisme, « le Centre médical avec antenne chirurgicale Saint Camille de Nanoro a mis au point un vaccin contre le paludisme qui tient, jusque-là, ses promesses. Il existe des plantes répulsives efficaces contre les moustiques ; des plantes comme l’Artémisia soignent très bien le paludisme. Il y a même la question de l’immunité naturelle au paludisme que l’on peut acquérir du fait d’être un habitant d’une zone paludique, et cette immunité s’estompera si on détruit ces moustiques avec le risques d’augmenter les cas de décès à l’âge adulte », a égrené Ali Tapsoba, pour qui, « le meilleur moyen de lutte contre le paludisme demeure la mise en place d’une bonne politique d’assainissement et d’hygiène des habitats et de l’environnement ».

« Si l’expérience est d’éradiquer des moustiques tueurs, elle peut aussi se transformer en désastre. Qui nous rassure qu’en modifiant le génome du moustique, son organisme ne pourra pas désormais héberger d’autres maladies plus virulentes voire plus mortelles que le paludisme ? Personne ! Les risques ne sont pas minimisés », ont prévenu la COPAGEN et le CCAE qui sont en train de « préparer un argumentaire juridique pour déposer un recours auprès du tribunal administratif ».

Le Burkina Faso est « le premier pays au monde où on va tester le projet Target malaria. Nous serons les cobayes pour ce projet qui coûte 37 milliards FCFA », a indiqué René Millogo de la COPAGEN, regroupement d’ONG, d’associations, de chercheurs et de journalistes.

«Target Malaria a toute les bénédictions, puisse que le ministère de la Recherche est au courant et donc par ricochet le gouvernement qui est complice. Tous les actes que pose ANB engage le ministère de la Recherche », a souligné avec force Ali Tapsoba qui a fait observer que des missions qu’ils ont eues à effectuer dans les zones où on veut larguer les moustiques OGM, ont permis de se rendre compte que « les autorités politiques et administratives n’ont pas été suffisamment informées de tous les dangers. Quant aux populations, elles sont mal informées et manipulées ».

La COPAGEN et le CCAE ont été « surpris et déçus » d’apprendre que l’ANB qui est censée être une autorité de régulation sur les questions liées à la biotechnologie et à la biosécurité a autorisé le projet Target Malaria « à faire ses tests de moustiques mâles stériles en milieu ouvert dans les villages de Bana et Souroukoudingan aux encablures de Bobo-Dioulasso (capitale économique), et ce par arrêté N°2018-453/MESRSI/ANB du 10/08/2018 portant autorisation de dissémination contrôlée de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés ».

La COPAGEN avait demandé à l’Agence nationale de Biosécurité (ANB) de différer la date prévue pour lâcher les 10 000 moustiques OGM afin de mener des recherches plus approfondies pour prévenir le pays des dangers et viser le risque zéro. Elle avait aussi interpellé l’Etat burkinabè à s’inscrire dans l’approche précaution tel que préconisé par le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques.

Le 2 juin 2018, la COPAGEN a organisé une marche contre les moustiques génétiquement qui a mobilisé un millier de manifestants venus de six pays et d’une quarantaine d’organisations de la société civile.

Par Bernard BOUGOUM