Le mpox commence réellement à inquiéter en Afrique! Si la République démocratique du Congo, avec ses plus de 18 000 cas, dont au moins 570 morts, s’est hissée sur la première marche du podium de l’épidémie, une médaille d’or dont elle se serait volontiers passée, le virus saute de pays en pays, se moquant, allègrement, des frontières. Certes, l’Afrique n’a pas connu de nouveaux cas en masse ces derniers jours, mais le Burundi et la Centrafrique, voisins de la RD Congo, ont eu leurs parts de malades et de décès. Tout comme le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya, la Côte d’Ivoire a eu ses cas de mpox.
En Afrique de l’ouest, avec ses 28 infections réparties sur Abidjan et des localités à l’intérieur, le pays de l’Eléphant et le Liberia, sont les plus touchés, pour l’instant en tout cas, par la variole du singe. Il faut reconnaître qu’à l’instar des pays de l’Afrique du centre et de l’est, la Côte d’Ivoire et son voisin libérien, possèdent beaucoup de forêts, territoires privilégiés de l’espèce simienne et d’autres animaux de brousse qui, en plus de la transmission d’homme à homme, peuvent faire circuler, facilement, le virus. A côté de ces pays sous l’emprise du mpox, le Burkina Faso, avec ces deux cas suspects dont les analyses se sont révélées, d’ailleurs, négatives, et d’autres pays africains, sont encore épargnés.
Pour combien de temps encore ces pays seront-ils épargnés par l’épidémie, en Afrique? Interrogation à la réponse difficile, dans un contexte africain où se mettre à l’abri d’une zoonose relèvera de l’exploit, le singe et, plus généralement, «la viande de brousse», étant très prisés par les populations, surtout dans bien des restaurants et maquis qui en ont fait leurs spécialités. Pour éradiquer le mal, ou, tout au moins, en ralentir la progression, en plus de l’interdiction stricte de la consommation et de la manipulation de la viande de singe et d’autres animaux de brousse, il importe de ressusciter les mesures barrières qui avaient droit de cité lors de la pandémie récente du Covid 19 qui avait mis le monde entier au pas.
Mieux, il faudra renforcer les règles d’hygiène et les contrôles au niveau des marchés et autres commerces de viande, afin d’avoir un regard sur le contenu des plats consommés dans les ménages et dans tous les endroits qui servent à manger au grand public. Certes, il revient aux différents Etats de mettre en place des systèmes sanitaires adéquats pour le bien-être des populations, mais chaque individu doit y mettre du sien, pour préserver sa propre santé et celle des autres membres de sa communauté. Mis l’un dans l’autres, ces moyens devront permettre de contenir le fléau, qui n’a besoin, ni de passeport, ni d’aucune autre autorisation pour voyager.
Pour le moment, la seule arme efficace, selon les spécialistes du domaine, est le vaccin. Et les premières doses ne sont attendues sur le continent noir, que la semaine prochaine. Question: quel sera le niveau de disponibilité du vaccin, dans une Afrique où les moyens, notamment ceux consacrés au secteur de la santé, sont encore portion congrue dans les budgets nationaux? Pourvu que les bons samaritains habituels, et occasionnels, fassent preuve de générosité pour permettre des campagnes de masse de vaccination contre le mpox en Afrique.
Mais, l’autre pan de la lutte, aussi important que les gestes barrières et l’attente du vaccin, c’est le combat contre les fake news et autres fausses informations qui pullulent sur les réseaux sociaux, colportés par des spécialistes de la désinformation et des anti vaccins, dont les hauts faits remontent à des temps immémoriaux et tout récemment quand le Covid-19 faisait rage. Plus que le virus lui-même, ces «experts» qui peuvent, à la limite, faire le choix de ne pas se prémunir mais n’ont pas le droit d’empêcher les autres de se protéger, constituent un véritable danger pour la société. Surtout que les populations, dont une bonne partie s’abreuve à la source inépuisable des réseaux sociaux, sépare, difficilement, le vrai de l’ivraie. Et si par extraordinaire, l’avenir peut donner raison à ses spéculateurs de tout acabit, comme le dit l’adage, «il vaut mieux prévenir que guérir», ou mourir!
Par Wakat Séra