La Coalition pour le Sahel « n’a pas abordé » avec le président Roch Kaboré, la question de négociation pour la libération de terroristes qui auraient eu lieu au Burkina Faso entre le gouvernement et des groupes terroristes comme annoncent des informations publiées dans la presse, ont affirmé ses premiers responsables face à la presse ce mercredi 10 mars 2021 à Ouagadougou.
En visite de travail au Burkina Faso, la Coalition pour le Sahel qui suit les grandes décisions prises lors du sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel, tenu concomitamment avec l’assemblée générale de l’Alliance Sahel les 15 et 16 février dernier à N’Djamena, a livré la raison de ses audiences avec les autorités burkinabè. Mais, la question sensible concernant des négociations que le Burkina Faso entretiendrait avec certains groupes terroristes, ce qui aurait même permis de libérer au moins une vingtaine de terroristes, n’a pas été parmi les points d’échange que l’Organisation internationale a eu avec les autorités burkinabè.
« Le sujet n’a pas été abordé par les autorités burkinabè et ce n’était pas l’objet du tout de notre mission », a répondu l’Envoyé spécial pour le Sahel du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, Frédéric Bontems qui a co-animé la conférence de presse avec le Haut représentant de la Coalition pour le Sahel, Djimé Adoum et le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, Angel Losada.
Sur le sujet de l’organisation de la défense des Etats pour faire face au terrorisme qui endeuille régulièrement la sous-région, les conférenciers ont laissé entendre qu’il appartient naturellement aux Etats de dire comment ils souhaitent organiser leur sécurité. « Mais, en contrepartie, il y a un principe et ce qui est demandé en permanence par la population, c’est « pas d’impunité », a déclaré M. Bontems qui s’aligne sur cette demande. Pour la Coalition pour le Sahel, « il ne peut pas y avoir de violences qui restent impunies d’où qu’elles viennent, qu’il s’agisse de l’armée, des groupes d’autodéfense ou des bandits ». Ainsi, la Coalition n’y voit pas de problème que les Etats s’organisent en fonction de leur réalité, réagissant face au Burkina Faso qui a pris une loi pour recruter des Volontaires de Défense pour la Patrie (VDP) pour soutenir ses Forces de défense et de sécurité et le Niger aussi qui compte prendre des dispositions réglementaires pour créer une force civile parallèle pour appuyer ses hommes armés mis à rudes épreuves sur les théâtres de combats.
Selon les conférenciers, l’objectif de leur visite est de partager avec les gouvernants la feuille de route issue de la rencontre de N’Djamena. Lors des différentes rencontres sur la problématique de la lutte contre le terrorisme, la Coalition pour le Sahel a souhaité la création d’un comité central qui sera piloté par le chef du gouvernement puisque la question des attaques armées est transversale. Cela, à les suivre, aura pour conséquence de donner un coup de fouet non seulement au plan militaire déjà efficacement mis en œuvre, mais aussi aux autres plans attendus sur les actions de développement.
« Cette coordination au sommet du chef de l’Exécutif permettra de renforcer la présence de l’Etat dans ses différentes composantes dans les zones sensibles », a fait savoir le Haut représentant de la Coalition pour le Sahel, Djimé Adoum. « Le Premier ministre pourra créer une synergie d’actions entre le gouvernement, les Partenaires techniques et financiers (PTF) et d’autres structures concernées » pour définir les « stratégies et les objectifs pour aller vers des résultats probants », a-t-il ajouté. « Nous avons dit qu’il est nécessaire d’avoir une approche intégrée. La sécurité est certes l’action des Forces de défense et de sécurité, mais c’est aussi la justice, le développement, la réponse aux préoccupations de base des citoyens, l’accès à l’éducation, à la santé et au développement économique », a renchéri Frédéric Bontems.
A l’issue de la rencontre de la Coalition pour le Sahel hier mardi à Kosyam avec le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, Djimé Adoum a affirmé que « nous sommes venus prendre les instructions du président du Faso quant aux grands points de la mise en œuvre de cette feuille de route, et solliciter un engagement politique fort de sa part ».
Selon Djimé Adoum, depuis le sommet de Pau en France, il y a eu « un sursaut militaire » qui doit être soutenu par « un sursaut politique » afin d’accompagner l’Etat burkinabè dans la gestion des zones libérées. C’est pourquoi, à N’Djamena, le sommet a dégagé l’option d’appuyer les efforts de sécurisation de l’axe Ouagadougou-Kaya-Dori. Djimé Adoum et sa délégation ont aussi fait part à Roch Kaboré de l’arrivée d’un contingent tchadien stationné pour l’instant au Niger, et déployé pour mener conjointement des opérations avec les forces armées nationales des pays concernés.
Par Bernard BOUGOUM