Après la publication, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle, des manifestants, sans attendre la confirmation ou non des chiffres par la Cour constitutionnelle, ont embrasé le Niger, détruisant, brûlant et pillant tout sur leur passage. Deux personnes ont même payé de leurs vies, la furie incendiaire et meurtrière de cette horde en transe, qui a maintenu le pays sous tension, pendant des jours, semant une psychose générale qui a fait fermer des commerces et même des services de l’Administration publique. Sans avoir été une ville morte, Niamey n’en n’a pas moins tourné au ralenti, ce qui a engendré des pertes énormes à une économie nigérienne, qui, comme dans la plupart des pays africains, est essentiellement informelle. Et c’est cette économie qui, déjà, tournait à un régime très faible, menace terroriste et Covid-19 obligent, qui a été mise à rude épreuve par des casseurs obéissant aux mots d’ordre de politiciens aux desseins égoïstes et très personnels cachés.
Certes, le rituel des élections contestées par l’opposition a été respecté, comme ailleurs sur le continent. Mais si un agenda caché n’était en place, pourquoi contester des résultats provisoires d’une élection, dont la tenue, dans le calme et la transparence, a été saluée, et par les Nigériens eux-mêmes, et par les institutions et pays étrangers? Et, comme si l’objectif visé était d’empêcher la tenue de ces élections à tout prix et accéder à une prise de pouvoir, autrement que par les urnes, les populations de la capitale et de certaines villes ont été chauffées à blanc. Tout a été mis dans la balance, par les contempteurs d’un régime qui est, pourtant, en train d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire démocratique du Niger. Des injures aux propos haineux, en passant par des discours racistes, régionalistes et ethnicistes, rien n’a manqué au menu, pour rendre le cocktail davantage explosif et faire faire ainsi, au Niger, un grand saut vers le chaos, ou tout au moins, un pas de géant vers les conflits intercommunautaires, hantise de tout pouvoir.
Seuls la détermination du peuple nigérien et l’engagement de son président, Mahamadou Issoufou qui a résolument opté de ne pas céder au clin d’œil du 3e mandat et d’organiser des élections détribalisées, ont pu faire échec à ce que les autorités politiques et judiciaires du pays ont qualifié, entre autres, de troubles, destructions de biens, propos de nature à dresser les gens, les uns contre les autres, propagande régionaliste. Ces chefs d’accusation portés contre certains manifestants et les présumés complices de ces manifestations, sont bel et bien punis par la loi, dans le but de préserver la quiétude des Nigériennes et Nigériens, qui font aujourd’hui la fierté de leur pays et de l’Afrique par l’organisation de scrutins, locaux, législatifs et présidentiels, dans le calme.
Comme l’enseigne l’adage, «nul n’est censé ignorer la loi». Mieux, nul ne saurait se mettre au-dessus de la loi, qui est d’essence impersonnelle. Hama Amadou, Moumouni Boureima dit Tchanga, Saidou Tahirou Mayaki et Abdou Mamane Lokoko, déposés, respectivement, dans les prisons de Filingué, Ouallam, Say et Kollo, tout comme les personnalités qui ont été relaxées, et même ceux qui demandent la libération des détenus, notamment l’opposant Mahamane Ousmane, candidat malheureux à la présidentielle du 27 décembre 2020, sont conscients que la rigueur de la loi ne cible personne, à cause de sa couleur de peau ou sa casquette politique, mais s’applique pour permettre à l’ordre d’exister dans la société. Pourvu que la sacro-sainte présomption d’innocence soit respectée et que les jugements soient…justes et équitables. «Dura lex, sed lex», la loi est dure, mais c’est la loi!
Par Wakat Séra