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Niger: deux hommes pour une place dans l’histoire!

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Mahamadou Issoufou (à droite) et son alter égo, Mohamed Bazoum Ph. Jeune Afrique)

Le grand jour est arrivé pour le Niger. Même si le poisson d’avril a été mangé à toutes les sauces, ce 1er avril, consacrant le rituel des farces les plus inimaginables, surtout à travers les réseaux sociaux, les Nigériens ont rendez-vous, ce 2 avril, avec l’histoire. Ils seront témoins, depuis le majestueux Centre international de conférence Mahatma Gandhi de Niamey, du passage de flambeau inédit, entre un président démocratiquement élu et son successeur, lui aussi démocratiquement élu. Ceux qui ne pourront pas assister à la cérémonie physiquement, respect strict des mesures barrière contre la Covid-19 oblige, ne jouiront pas moins de ces moments exceptionnels, par la magie de la télévision. Mahamadou Issoufou, qui s’est dit fier de son bilan des deux quinquennats passés à la tête du Niger, se retire, avec l’élégance du démocrate qui a résisté aux charmes du 3e mandat, vertiges  du trône, auxquels ont succombé nombre de ses pairs, dont certains sont même à leur 6e mandat. «Zaki», comme l’ont surnommé ses partisans, cèdera donc le fauteuil à Mohamed Bazoum, pour les cinq années à venir.

La fierté des Nigériennes et des Nigériens est d’autant plus grande que, les populations ont vécu des élections ouvertes, qui ont donné comme vainqueur, Mohamed Bazoum, 55,75%. Comme pour assumer ce passage démocratique, voulu par tout un peuple lassé des coups de force, le candidat malheureux, Mahamane Ousmane, 44,35%, a contesté, dans les règles de l’art, ces résultats qui ont reçu l’onction de la Cour constitutionnelle. Certes, des manifestations de protestation ont conduit à des destructions de biens publics et privés, et malheureusement, deux morts, mais la raison et la prise de conscience du peuple, ont pris, finalement le dessus, sur les incitations à la violence, encouragées par certains hommes politiques aux desseins personnels et très égoïstes. Le fauteuil présidentiel n’est pas un banc, comme le disait l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Il est donc destiné à une seule personne.

Et c’est alors que tous croyaient le Niger sorti du cycle infernal des coups d’Etat, le pays en a connu quatre, que les autorités, ont annoncé en avoir déjoué un, dans la nuit du 30 au 31, suivi d’arrestations de militaires, dont certains sont toujours recherchés, ayant réussi à prendre la fuite. 30 minutes qui ont failli porter un cours d’arrêt à ce processus démocratique, dont s’enorgueillissent les Nigériens, notamment, le premier d’entre eux, Mahamadou Issoufou. Dans son dernier discours à la Nation, ce 1er avril, le «Lion de Dan Dadji» n’a pas manqué de fustiger cette «masse compacte de putschistes» qui ont essayé de ramener le Niger dans les tréfonds de la prise de pouvoir, violente et souvent sanglante, par les armes. Venu par les urnes et reparti dans le respect des normes de la Loi fondamentale de son pays, Mahamadou Issoufou, distingué pour son acte historique par l’illustre Fondation Mo Ibrahim, a profité de sa «der des ders» pour rappeler les Nigériens au patriotisme, autour de son alter égo, son «camarade, son ami, son frère», Mohamed Bazoum.

L’un s’en va et l’autre arrive. Ainsi se passe, pour la première fois au Niger, la transmission du pouvoir. Un rendez-vous logique qui, pourtant, est devenu l’exception, sur un continent noir, où, les prédateurs de la démocratie, dans l’opposition, luttent pour l’alternance démocratique, et une fois au pouvoir veulent y mourir. Comme le disent si bien nos voisins ivoiriens, «Afrique yako»*

Mais pourvu que l’exemple nigérien dure et fasse des émules, beaucoup d’émules.

Par Wakat Séra