La désolation! Aucun mot ne peut mieux exprimer ce drame qui a frappé le Niger et plus particulièrement les populations de Maradi, dans le sud du pays. Les faits sont simplement terrifiants, à la hauteur de la colère de ce feu qui a ravagé les classes en paillote d’une école. Le bilan, lourd de 26 enfants, de la maternelle et du primaire, morts dans cet événement tragique, justifie pleinement la grande tristesse du peuple nigérien dont les autorités ont décrété trois jours de deuil sur le territoire régional de Maradi.
Les victimes, innocentes, au propre comme au figuré, qui ont été conduites, ce mardi, à leurs dernières demeures par des parents inconsolables, étaient loin de s’imaginer qu’elles avaient rendez-vous avec une mort atroce. Ces enfants étaient plutôt en quête du savoir, pour contribuer plus tard au développement de ce Niger qui, ironie du sort, a pris, à bras-le-corps, en plus du défi sécuritaire, la question d’un système éducatif fortement éprouvé depuis des décennies.
«La mise en œuvre d’un programme performant de construction de salles de classe en matériaux définitifs dans les deux cycles de base, pour remplacer, progressivement, les classes en paillote (…)». C’est l’une des priorités qu’a inscrite à son quinquennat, le président nigérien Mohamed Bazoum. L’ancien professeur de philosophie, conscient que l’éducation constitue la clé de voûte du développement du Niger, avait manifesté la volonté, avant même son investiture comme chef de l’Etat, d’impulser une nouvelle dynamique à l’école nigérienne confrontée, non seulement à la baisse de la qualité de l’enseignement, mais aussi à la précarité des infrastructures qui servent d’abris aux apprenants et à leurs enseignants.
Conforté dans la justesse et l’urgence de son action par cette autre incendie d’un jardin d’enfants et une extension de l’école primaire qui avait endeuillé le Niger, le mardi 13 avril dernier, le président nigérien qui venait à peine d’être investi, avait pris le taureau par les cornes. «Nous sommes en train d’élaborer tous les textes législatifs et réglementaires qui vont constituer la base et le cadre des changements qui auront un impact durable dans ce que sera notre système éducatif», avait-il révélé, à l’occasion de ses 100 jours de gouvernement.
Le nerf de la guerre fait-il défaut au Niger pour reconstruire son système éducatif, en commençant par le débarrasser de ses «classes sous paillote» qui exposent les élèves et les enseignants aux intempéries et…à la mort? Aucun développement n’étant possible dans l’insécurité, la réponse aux attaques terroristes et razzias des bandits de grand chemin, ne prend-elle pas la priorité sur toutes les autres actions du gouvernement notamment l’initiative d’imprimer une nouvelle marche à l’éducation au Niger? En tout cas, si la volonté est bien ostensible, de la part du gouvernement nigérien, de donner toutes leurs chances de réussite à tous les enfants du pays, sans distinction, visiblement, les moyens financiers font défaut.
Plus de 36 000 «classes sous paillote» existent encore au Niger, avec l’avantage de permettre à leurs pensionnaires d’accéder à l’éducation, mais aussi le risque toujours présent de s’exposer à la mort par incendie et autres inondations causées par les fortes pluies. L’opportunité est bien belle et doit être saisie par les partenaires internationaux du Niger, pour renforcer, par leur contribution, la capacité des Nigériens et Nigériennes à rendre performant leur système éducatif. Il urge de prendre les devants pour faire de ces «écoles et classes sous paillotes» qui pullulent en Afrique, de mauvais souvenirs. Car plus tard sera trop tard!
Par Wakat Séra