Il urge d’extirper les enfants des serres des terroristes qui sèment la terreur et la mort dans le Sahel africain. Prise en sandwich par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) qui opère le long de la frontière avec le Burkina Faso et l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui sévit entre le Mali et le Niger, la région de Tillabéri, n’en finit pas de compter ses morts, un tableau macabre où figurent de nombreux enfants. Au titre des 300 civils tués au premier trimestre de cette année, non loin de la frontière nigéro-malienne, il a été comptabilisé 46 mineurs de 5 à 17 ans. Mais, en plus de cette espérance de vie désespérément trop courte, les enfants de la région martyre, pour ceux qui arrivent à échapper à la folie meurtrière des hommes sans foi ni loi, sont privés de tout. Ils sont une proie privilégiée pour tous les corollaires de la crise humanitaire, leur lot quotidien étant la sous-alimentation, la déperdition scolaire, le viol, la drogue, etc.
Le pire, à en croire le dernier rapport de Amnesty international sur cette région, c’est le recrutement, par les groupes terroristes, de ces êtres innocents, et sans discernement, comme combattants. Aguichés par l’argent facile et le bonheur que leur font miroiter leurs bourreaux, les jeunes ne résistent pas à la tentation de se faire enrôler. Parfois, les menaces comme celles de massacrer leurs familles, brandies par les terroristes, ne leur laissent aucun choix. Sans oublier qu’aucune autre alternative de grandir et aspirer à un avenir meilleur ne s’offre à ces enfants qui vivent dans des villages, constamment attaqués et dont les habitants sont confrontés au rapt de leurs bétails et aux incendies de leurs greniers. La vie étant devenue un véritable enfer pour ces enfants qui ne demandaient qu’à grandir en toute insouciance, gambadant sur les chemins de l’école ou marchant entre les sillons des champs ou encore courant pour rattraper un boeuf qui se serait éloigné un peu trop du troupeau en pâturage.
Désormais, ils doivent composer avec la dure réalité de la guerre. Radicalisés ou sous l’emprise de diverses drogues, ils ne connaissent d’autres berceuses que les cliquetis des kalachnikovs qu’ils font tonner, sans état d’âme, sous les ordres de leurs maîtres qui se chargent de parfaire au jour le jour leur endoctrinement. Véritables chairs à canon ou boucliers pour des terroristes experts dans cette guerre asymétrique qu’ils imposent aux forces loyalistes, ces enfants sont simplement perdu pour l’humanité. Et si elle peut donc s’enorgueillir d’enregistrer le retour de déplacés dans 23 de ses villages, grâce à la volonté affichée du président nigérien Mohamed Bazoum et la détermination de son armée, de mettre hors d’état de nuire, les terroristes, Tillabéri n’en pleure pas moins ses enfants massacrés ou recrutés par les terroristes.
Il faut sauver les enfants de Tillabéri et tous les jeunes qui sont enrôlés à tour de bras, par ces groupes armés qui écument le Sahel africain, et plus particulièrement, la zone des Trois Frontières où ils s’enkystent. C’est l’avenir de l’Afrique, voire celui de la planète qui est ainsi hypothéqué, chaque fois qu’un enfant se retrouve dans les effectifs des groupes terroristes.
Par Wakat Séra