Le Burkina et le Mali, par communiqué conjoint en date du 8 août 2023, interpellent le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine d’œuvrer «par tous les moyens à sa disposition» pour empêcher une action armée contre le Niger, avertissant que l’ampleur des conséquences d’une telle action «serait imprévisible». Ils mettent en garde que la persistance de la CEDEAO dans son action d’intervenir militairement au Niger conduirait à la dislocation de l’organisation ouest africaine.
La menace de l’intervention militaire au Niger brandie par la CEDEAO continue de faire réagir les Etats voisins de ce pays ouest africain. Le Burkina et le Mali, qui ont toujours témoigné leur solidarité aux nouvelles autorités de Niamey, ont réitéré «leur ferme condamnation» de toute intervention militaire de l’instance sous régionale ou de toute autre force internationale, qui violerait, selon eux, la souveraineté de l’Etat du Niger.
Ainsi, dans un communiqué conjoint produit le mardi 8 août 2023 et signé par leurs ministres des Affaires étrangères, les deux Etats invitent le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine à peser de tout son poids pour «empêcher toute action armée» contre leur voisin le Niger. Pour Bamako et Ouagadougou, une intervention militaire contre ce pays «aura des conséquences sur la stabilité de la sous-région voire au-delà».
Dans leur note, les deux pays expriment leur «attachement à la recherche de solutions par les voies exclusives de la diplomatie et de la négociation», les seules, selon eux, capables de garantir la paix et la stabilité du Niger et de la région du Sahel.
Par ailleurs, Bamako et Ouagadougou estiment que le motif de l’intervention militaire avancé par la CEDEAO, qui est celui de rétablir la démocratie au Niger, est un «prétexte qui cache mal les agendas de puissances étrangères prêtes à aggraver» la situation sécuritaire déjà précaire dans la région du Sahel. Ils rappellent, en outre, que c’est une telle intervention qui a causé l’effondrement de la Libye en 2011 et la déstabilisation du Sahel.
Du reste, les Gouvernements du Mali et du Burkina Faso mettent en garde que la persistance de la CEDEAO dans son «approche improductive voire contre-productive», conduirait à sa dislocation. En rappel, dès l’annonce de cette possible intervention militaire au Niger, les deux pays avaient menacé de se retirer de l’organisation sous régionale et de lui opposer une riposte.
L’ultimatum d’une semaine lancé par l’instance ouest africaine aux militaires nigériens au pouvoir étant expiré, la menace d’une intervention militaire pressait, conduisant les chefs du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) à fermer l’espace aérien du Niger. Dans la foulée, une délégation tripartite CEDEAO, Union Africaine, ONU a été refusée, mardi 8 août, sur le sol nigérien. Au même moment, un autre sommet de l’organisation dirigée par le président du Nigeria, Bola Tinubu, sur le Niger est attendu pour ce 10 août.
Par Siaka CISSE