Lors de sa rencontre, le jeudi 15 février 2024, avec une délégation de la Banque Mondiale, le Premier ministre et ministre de l’Économie et des Finances du Niger Ali Mahamane Lamine Zeine, a manifesté un vif mécontentement à l’endroit de la Banque Mondiale, qui avait suspendu sa coopération avec Niamey à la veille du putsch.
Si l’annonce de la reprise de la coopération entre les deux parties, suspendue il y a six mois après le coup d’État, a été accueillie favorablement par le Premier Ministre, il a en revanche vivement critiqué les prises de position de la Banque mondiale après l’évènement du 26 juillet. Monsieur Ali Mahamane Lamine Zeine a souligné le délai jugé trop long pris par la Banque pour effectuer une évaluation nécessaire à la reprise de la coopération.
Il a également dénoncé la promptitude avec laquelle la Banque a soutenu les sanctions punitives de la CEDEAO, lesquelles ont eu un impact néfaste sur le Niger en restreignant notamment l’accès aux produits de première nécessité tels que les médicaments, les denrées alimentaires et l’énergie. « Je ne peux pas laisser cette occasion sans qu’on se dise effectivement certaines vérités », a-t-il déclaré lors de la rencontre, dénonçant « la précipitation avec laquelle la Banque Mondiale s’est alignée sur la batterie de sanctions punitives décidées par la CEDEAO ».
Il a également remis en question l’existence de mesures similaires dans les textes de la Banque, soutenant une fermeture des frontières et des sanctions sur des produits de première nécessité, tels que les médicaments, les denrées alimentaires et l’énergie. Monsieur Ali Mahamane Lamine Zeine a exprimé son choc, rappelant ce que la Banque avait été capable de faire il y a une quinzaine d’années, ou un peu plus, dans le pays, avec sensiblement la même situation. Il a également souligné que le coup d’État du 26 juillet 2023 est le seul changement non constitutionnel, parmi les six qu’a connu le pays, qui s’est déroulé sans violence et qui a bénéficié d’un large soutien populaire.
« Nous avions pensé que nos partenaires allaient en tenir compte », a-t-il affirmé sur un ton déçu. Cette réaction met en lumière les préoccupations du Premier Ministre quant aux décisions de certains partenaires du Niger prises après les événements du 26 juillet tout en soulignant une forme d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.
Source: CNSP