Alors que les putschistes nigériens, installés dans les lambris dorés de la présidence, défendent le pouvoir qu’ils ont arraché par les armes, le 26 juillet, les djihadistes mettent à profit leur absence ou leur nombre réduit au front, pour continuer leur entreprise macabre.
Les attaques terroristes ne cessent d’endeuiller les populations qui ne savent plus à quel prophète se vouer. Le dernier assaut des terroristes, dans la zone dite des trois frontières, partagée par le Niger, le Burkina Faso et le Mali, ne date que de ce jeudi 28 septembre. La cible était stratégiquement choisie par les hommes sans foi ni loi qui écument le Sahel, et s’illustrent particulièrement dans cette partie de la région où ils font la loi. En effet, c’est une place forte de l’armée, érigée près de Kandadji, où est en construction un barrage hydro-électrique, qui a constitué la cible des assaillants juchés sur des motos et à bord de voitures.
Si le bilan humain et matériel de cet énième assaut terroriste est encore inconnu, des sources évoquent plus de la dizaine de militaires nigériens tués, selon nos confrères de RFI. Certes, le chantier de l’ouvrage qui était censé devenir le plus grand barrage hydro-électrique du pays, est malheureusement à l’arrêt, conséquence du blocage des financements extérieurs, une suspension entrainée par le coup d’Etat militaire contre le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Il n’en demeure pas moins que le site tient une grande importance dans le dispositif militaire du Niger.
Comme quoi, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim) occupent, presqu’à leur guise, le vide laissé par les militaires rappelés dans la capitale par la junte du général Abdourahamane Tiani qui se barricade contre d’hypothétiques actions de force de la CEDEAO. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest qui poursuit ses actions de dialogue, mais n’écarte toujours pas l’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, est devenue un véritable épouvantail pour les putschistes qui crient au loup tous les jours, gardant ainsi mobilisés, à travers des manifestations, leurs soutiens qui se donnent régulièrement rendez-vous dans le plus grand stade du pays, non pas pour des matchs du Mena, l’équipe nationale, mais pour donner de la voix contre la CEDEAO, la France et tout ce qu’ils considèrent comme «ennemis» de la junte militaire.
Visiblement, la sauvegarde du pouvoir pour des intérêts personnels et égoïstes a pris le pas sur la défense du territoire et des populations contre les djihadistes! Ces derniers n’en demandent pas mieux, multipliant les attaques dans ce Sahel qui est devenu leur sanctuaire depuis quelques années! Paradoxe des paradoxes, la junte militaire a justifié son intrusion au palais présidentiel par la recrudescence des attaques terroristes que le régime qu’elle a déchu arrivait pourtant à contenir! Où se trouve donc l’erreur?
Par Wakat Séra