Sept enfants de moins de 12 ans tués et cinq autres blessés au Niger. C’est le lourd tribut payé aux attaques armées par les populations de Maradi, à la frontière avec le Nigeria, ce vendredi. Alors qu’ils jouaient dans une cour, ces êtres innocents, au propre comme au figuré, ignoraient que la mort allait se mêler à leurs jeux, sous forme de feu descendu du ciel, alors que l’armée nigériane prenait en chasse «es bandits» qui, avec les éléments de la nébuleuse «Boko Haram», troublent la quiétude des populations de ce pays voisin du Niger.
Ce qui peut être considérée comme une bavure, selon la version officielle, vient d’endeuiller encore un Niger qui fait face à de fréquents assauts de groupes armés, à l’instar des pays du Sahel et, de plus en plus, ceux du Golfe de Guinée comme le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo. Ce choc a traversé les frontières nigériennes et a résonné à Bruxelles, dans la capitale belge où prenait fin, le même jour, le 6e sommet Union européenne (UE) et Union africaine (UA).
Une rencontre à laquelle prenait part le président du Niger, Mohamed Bazoum dont le pays lutte farouchement, et avec une réussite certaine, contre le terrorisme et autres attaques de groupes armés composés de bandits et trafiquants de toutes sortes. Le sujet, débattu ce mercredi, lors d’un dîner à l’Elysée autour du président français Emmanuel Macron et d’autres dirigeants africains et européens, avait, du reste, abouti à la décision de la France et de ses partenaires, du retrait des forces Barkhane er Takuba du Mali, où elles étaient engagées pour contrer l’avancée du Djihadisme. Naturellement, dans leur redéploiement dans le Sahel, mais aussi le reste de la sous-région également dans l’œil du cyclone terroriste, le Niger a été cité, comme d’autres pays, pour accueillir les éléments de ces forces qui doivent apporter appuis aériens, formations, logistiques et techniques d’affinement du Renseignement aux armées locales.
Certes, l’heure n’est plus, à l’unilatéralisme imposée à son «précarré» par, la France, mais il n’en demeure pas moins que l’urgence, elle, s’affirme pour l’armée nigérienne et ses homologues africaines et européennes, d’intensifier, de concert, la lutte pour éviter que d’autres cours de concessions, terrains de jeux, champs et écoles, se transforment en enfer sur terre pour d’autres enfants de moins de 12 ans, qu’ils soient Nigériens, Burkinabè, Béninois, Tchadiens, Togolais, Sénégalais, Ivoiriens et même Maliens. Les interventions anti-terroristes ne doivent pas connaître des limites dans l’espace, le terrorisme et le banditisme étant sans frontières.
Il urge donc que les uns et les autres, que ce soit au Burkina, au Niger ou encore au Mali, rangent aux oubliettes, ce nationalisme puéril et improductif qui ne fait qu’exposer davantage les enfants de moins de 12 ans et des populations désespérées à la puissance de feu des forces du mal, auxquelles ne peuvent faire face seules, pour l’instant en tout cas, les armées nationales africaines. La multiplication des partenariats entre Etats, surtout pas avec des mercenaires sans foi ni loi, est plus que jamais nécessaire pour affaiblir davantage, voire porter le coup fatal à ce terrorisme qui inhibe tout effort de développement et traîne dans son sillage, deuil au quotidien, fuite des populations, conflits intercommunautaires, famine, dislocation du tissu social, etc.
C’est aussi en cela qu’il faut saluer le lancement, ce dimanche, de Flintlock, à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville en Côte d’Ivoire. Exercice militaire et policier de référence, cette rencontre qui privilégiera l’échange d’informations et de renseignements entre les armées, est une initiative de l’armée américaine qui se tient chaque année sur le continent, même si l’impasse a dû se faire sur l’année dernière, Covid-19 oblige. Pour cette édition, une dizaine de pays dont quatre africains, en l’occurrence, le Niger, le Ghana, le Cameroun et le pays hôte, la Côte d’Ivoire, se sont donné rendez-vous en terre d’Eburnie, pour le renforcement de capacité des militaires, notamment contre l’hydre terroriste qui, depuis quelques années, lance ses tentacules dans les pays du Golfe de Guinée, alors qu’elle n’écumait que le Sahel saharien.
Contre le terrorisme ce sera, s’unir ou périr!
Par Wakat Séra