Les militaires au pouvoir au Niger depuis le 26 juillet 2023, après un coup d’Etat, se voient proposer une médiation algérienne qui vise à promouvoir une solution politique à la crise dans ce pays, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Etranger de l’Algérie, ce lundi 2 octobre 2023.
Sans mettre en doute la capacité du voisin algérien à remettre de l’ordre dans le chaos nigérien, on peut tout de même se demander ce que Abdelmadjid Tebboune peut faire, tant que les positions sont tranchées. Pire, les putschistes ne savent même pas réellement ce qui les a poussés à faire ce coup d’Etat qui ne les arrange plus, encore moins celui que certains considèrent comme le commanditaire qui n’arrive plus à se dissimuler, malgré ses dénégations incessantes dans les médias. Les intérêts égoïstes liés à la rente pétrolière suffisent-ils pour mettre en danger l’avenir d’un Niger qui, non seulement réussissait à contenir les attaques djihadistes, avec l’aide de ses partenaires militaires européens et américains, mais avait engagé une lutte sans merci contre la corruption à ciel ouvert qui hypothéquait le présent et l’avenir d’une jeunesse qui avait placé son espoir dans une nouvelle manière de gouverner, celle du président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum.
Questions: L’Algérie, malgré toute la bonne volonté apparente de ses fins négociateurs, pourra-t-elle désamorcer cette bombe qu’est la manipulation d’une partie des populations que certains désignent abusivement comme le peuple, au nom de qui les putschistes disent avoir agi? L’Algérie, dans ses propositions de départ ne parlait-elle pas d’un délai de six mois pour organiser un retour à l’ordre constitutionnel, alors que le général Abdourahamane Tiani évoquait une transition qui ne dépasserait pas trois ans? Les Algériens qui comptent rassembler tous les protagonistes autour du légendaire arbre à palabres africain seront-ils en mesure de faire plier le président Mohamed Bazoum, qui, bien que séquestré, lui et sa famille dans le palais présidentiel depuis plus de deux mois maintenant, ne veut toujours pas entendre parler de démission? La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui s’est logiquement impliquée, dès le début, dans la résolution de cette crise nigérienne qui met toute la sous-région, voire l’Afrique entière dans l’embarras, se laissera-t-elle facilement déposséder du dossier, elle qui a essayé d’explorer toutes les pistes de dialogue?
Certes, on peut, à la limite, reprocher à l’organisation sous-régionale d’avoir tout de suite brandi le bâton de l’intervention militaire pour déloger les putschistes du palais présidentiel et rétablir Mohamed Bazoum dans ses hautes fonctions. Mais dans le feu de l’action et pour mettre fin à l’hémorragie des putschs en Afrique de l’ouest, tous les moyens semblaient être bons. Ne dit-on pas que pour éteindre l’incendie qui dévore tout sur son passage, on se soucie très peu de la qualité de l’eau?
Pour desserrer l’étau économique et diplomatique qui l’étouffe de plus en plus, le Niger se jettera sans doute sur cette offre de l’Algérie, partenaire, devant l’Eternel, de la Russie qui, joue un rôle non négligeable aux côtés de la junte nigérienne. Mais la règle première dans des négociations qui se veulent crédibles, c’est bien l’acceptation du médiateur par toutes les parties en conflit qui se rassurent toujours qu’il n’existe pas de parti pris pour l’adversaire en face. Ce qui est loin d’être le cas, pour l’instant, dans ce round de négociations qui s’annonce bien difficile, si le Niger donne son accord. En tout cas, une opposition de l’Algérie contre l’utilisation de la force contre les putschistes suffit-il pour en en faire «le bon négociateur»? Rien n’est moins sûr!
Mon général pourquoi avez-vous accepté de faire ce putsch qui met tout le monde en palabre, notamment des voisins auparavant unis par la solidarité légendaire africaine?
Par Wakat Séra